Les dinosaures en Normandie ; en arrière plan : les Vaches Noires. (© Patrimoine Normand)
Buste de Georges Cuvier (1769-1832) à Valmont (Seine-Maritime). Cuvier fut le premier à décrire des restes de dinosaures de Normandie, mais crut qu'il s'agissait de crocodiles d'un type particulier. (© Eric Buffetaut) |
Qui dit « dinosaure « ne pense pas forcément « Normandie ». Nous avons plutôt tendance à imaginer les paléontologues traquant ces « lézards terriblement grands » (pour reprendre l'étymologie d'origine) dans des régions lointaines et inhospitalières, comme le désert de Gobi, le Sahara ou encore les Montagnes Rocheuses, plutôt qu'au milieu des pommiers ou sur les plages du pays normand. Pourtant, la Normandie est une des régions de France les plus riches en restes de dinosaures, et qui plus est c'est là qu'ont été réalisées certaines des découvertes majeures des débuts de la paléontologie.
Les ossements fossiles de ces animaux, que l'on y trouve à l'occasion dans les couches du Jurassique (et aussi parfois du Trias et du Crétacé), ont en effet attiré l'attention des naturalistes depuis la fin du XVIIIe siècle, et les recherches se poursuivent aujourd'hui.
Georges Cuvier et les « gavials du Havre et de Honfleur «
Dès les premières années du XIXe siècle, Georges Cuvier (1769-1832), alors même qu'il pose les bases de ce qui deviendra la science paléontologique, est amené à s'intéresser à des fossiles normands. Il a séjourné en Normandie, à Caen d'abord puis à Valmont, près de Fécamp, pendant la Révolution, mais ce n'est pas alors qu'il a obtenu ces spécimens. Ils proviennent de collections rassemblées au siècle précédent par deux abbés naturalistes, Jacques-François Dicquemare au Havre et l'abbé Bachelet à Rouen. Dans les falaises de la côte normande, au Cap de la Hève et aux Vaches Noires, ces deux ecclésiastiques ont recueilli des ossements fossiles, que personne jusqu'ici n'a pu identifier précisément. Fort de ses connaissances en anatomie, Cuvier y reconnaît les restes de crocodiles, mais des crocodiles différents de ceux d'aujourd'hui, même s'il les compare au gavial de l'Inde à cause de l'allongement de leurs mâchoires. Les différences par rapport aux crocodiles actuels, particulièrement visible dans la forme des vertèbres, sont importantes pour Cuvier, car il a à cœur de montrer qu'il s'agit d'espèces disparues, n'ayant plus de représentants dans le monde actuel, chose que beaucoup de naturalistes de son temps ont du mal à admettre.
En réalité, certaines de ces curieuses vertèbres ont appartenu à un animal bien plus différent des crocodiles actuels que Cuvier ne peut le concevoir en 1808, lorsqu'il publie une description de ces fossiles normands. À l'inverse des vertèbres des crocodiles d'aujourd'hui, elles sont convexes à l'avant et concaves à l'arrière. En 1824, les choses se précisent un peu, lorsque le paléontologue anglais William Buckland publie la description du Megalosaurus, le « grand lézard », dont les restes ont été trouvés près d'Oxford. D'après la forme de sa mâchoire et de ses dents, qui sont tranchantes et crénelées, cet animal ne peut être un crocodile. Mais ses vertèbres ressemblent fort à celles de Normandie dont Cuvier a noté les particularités, et ce dernier reconnaît cette sim...
Il vous reste 92 % de cet article à lire.
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|