Le Muséum de Rouen est en soi un témoignage de la conception que l’on se faisait des musées au XIXe siècle, un musée de muséum de Rouen donc. (© Stéphane William Gondoin)
Alexandra Sobczak-Romanski, présidente de l’ONG Urgences patrimoine (© Urgences patrimoine)
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Trois questions à Alexandra Sobczak-Romanski, présidente de l’ONG Urgences patrimoine
La Métropole Rouen Normandie envisage une modification profonde du Muséum local. Qu’en est-il dans les grandes lignes ?
Dans sa communication, la Métropole a toujours utilisé le terme de « réhabilitation ». Or, le terme de démantèlement nous semble bien plus approprié compte tenu des démolitions et autres mutilations (disparition des vitrines d’origine, des escaliers anciens, des parquets…) qui vont totalement dénaturer le Muséum, lequel, rappelons-le, est considéré par le ministère de la Culture comme le second plus beau muséum d’histoire naturelle de France, après celui de Paris. Ce projet est très esthétique, mais ce ne sera plus un muséum, ce sera un centre culturel high tech.
Quel est l’intérêt du Muséum dans son état actuel ?
Le Muséum, tel qu’il est aujourd’hui, est un véritable témoin de la mémoire collective. Nous pouvons même dire qu’il est un musée de muséum. Ici, le temps s’est arrêté, et c’est un bond dans le XIXe siècle qui est proposé aux visiteurs. Il y a en ces lieux quelque chose de Jules Verne, ou même de Harry Potter. Il ne faut pas croire que ce muséum soit un « truc » poussiéreux. Il suffit de regarder les enfants s’émerveiller devant les vitrines pour comprendre qu’en fait, cette ambiance « surannée » enchante tous les publics en quête d’authenticité.
D’autres bâtiments à haut intérêt patrimonial sont par ailleurs écartés de ce projet, malgré un budget plus que conséquent…
Il s’agit des bâtiments des anciennes facultés de médecine, de sciences et de pharmacie qui se trouvent juste en face du Muséum. Initialement, ils faisaient partie du projet de réhabilitation, mais ils en ont été exclus au prétexte qu’il fallait ajouter 20 millions d’euros aux 66 millions consacrés au projet Beauvoisine, s’ils étaient réhabilités. Il est important de rappeler qu’il y a une quinzaine d’années, un projet de réhabilitation incluant les anciennes facultés avait été étudié et que le budget global ne dépassait pas 20 millions. En tout cas, le fait de les avoir exclus compromet leur avenir. Ça va être joli ces ruines face à une entrée de muséum façon galerie commerciale ! Non, décidément, ce projet de « Pôle Muséal » n’a aucun sens.
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