Le château des Sirènes, collection particulière, huile sur toile. Dans l’atelier du peintre Adolphe La Lyre, la lumière entrait largement par la grande verrière sur le toit qui surplombait une autre verrière. Sous l’atelier, se trouvait la grande salle à manger avec une grande cheminée, décorée selon la mode néo-gothique, où l’on pouvait rôtir un mouton. (© Photo Jeannine Bavay)
Adolphe Lalire dit La Lyre, auto-portrait vers 1870, huile sur toile, musée d’art Thomas-Henry, Cherbourg-Octeville. (© Jean-Michel Enault) |
Carteret, la plage des sirènes. Carteret à travers le prisme d'Adolphe La Lyre.
Le château des Sirènes
En 1900, la construction d’une grande villa sur le cap de Carteret s’achève. Il y a encore très peu de constructions sur le cap à cette date, et il garde encore un caractère sauvage. Les terrains sont bon marché, la route de la corniche n’a pas encore été tracée sur la falaise. Carteret n’est qu’un village de pêcheurs d’environ 500 âmes doublé d’une toute petite station balnéaire.
Le propriétaire de cette villa est un parisien, Adolphe Lalire dit La Lyre, un peintre célèbre âgé de 52 ans, très connu, arrivé à sa maturité. Il est venu pour la première fois à Carteret en 1872, alors qu’il n’était encore qu’un peintre débutant, et est tombé sous le charme. Il y revient, au Grand Hôtel de la Mer (ouvert en 1883) et y achète un terrain en 1897. C’est lui qui fait les plans de ce « château », avec sa tour crénelée, dont la vue est imprenable sur le havre de Carteret et la plage qui se déroule de Barneville à Portbail et au-delà.
Il nomme cette maison « le château des sirènes » ; quoi de plus normal que de voir des sirènes à Carteret ! Il se ménage un vaste atelier aux larges baies vitrées, éclairé par une immense verrière qui laisse entrer au maximum la lumière. La salle à manger est immense, la cheminée permet de cuire un mouton entier. Sur le mur, il accrochera une toile de 7 m de long sur 4 m 50 de haut : l’enlèvement de l’Amour par les Sirènes.
Les sirènes visitées par les muses, 1912, huile sur toile, musée d’art Thomas-Henry, Cherbourg-Octeville. La Lyre a recherché, ainsi qu’il l’écrivait, « le modèle se rapprochant le plus de l’idéal, cette suprême perfection que le Créateur de temps en temps, pour nous conserver le type de la beauté pure, a pétri, un corps de femme qui est pour nous le chef d’oeuvre rêvé et le modèle divin. » (© Jean-Michel Enault)
Après la Première Guerre mondiale, la vie devient plus difficile, les prix augmentent, la peinture se vend moins bien. La Lyre doit vendre son château en viager, à son voisin, ami, député puis ministre, Franklin Bouillon. Après la mort du pein...
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