Une teurgoule de Geneviève et Raoul Achard, elle est bien crémeuse sous la peau qui s’est formée en surface. Photo prise avec une casserole normande en cuivre et une cuillère du XIXe siècle à la marque « RG ». (Photo Georges Bernage © Patrimoine Normand.)
Une teurgoule vendue en portions sur le marché de Bayeux. (Photo Georges Bernage © Patrimoine Normand.) |
Voici un dessert bien normand et qui, pourtant, n’est pas connu de toute la Normandie...
Ce dessert serait apparu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après un printemps humide, un été pluvieux avait fait perdre les récoltes. Redoutant une disette, François-Jean d’Orceau, baron de Fontette, intendant de la généralité de Caen de 1760 à 1775, fait alors venir du riz d’outre-mer. Mais personne ne connaît alors dans la région cette céréale et Fontette fait placarder des recettes pour la préparer. Ce sera entre autres la terrinée, du nom du récipient (voir encadré en fin d'article) ou teurgoule, nom exprimant l’humour normand face à ce mets souple et un peu collant à la goule… Certains disent aussi que sa longue cuisson était bien pratique pour les femmes des marins de Honfleur (autre port de l’outre-mer) qui faisaient chauffer longtemps ce mets en attendant le retour de leurs maris.
Ainsi, la base de ce plat est le riz mais aussi un autre ingrédient exotique, la cannelle, sans oublier le sucre. Son caractère bien normand est présent avec les deux litres de lait nécessaires à sa confection.
La recette
Dans une terrine, verser le lait sur le riz, le sucre et le sucre vanillé. Puis saupoudrer deux cuillères à café de cannelle. Faire cuire ensuite quatre à cinq heures dans un four à pain. (Recette de Geneviève Achard.)
Pour ceux qui ne disposent pas de four à pain, on peut utiliser un four électrique à thermostat très doux (160°, thermostat 5), le préchauffer et cuire pendant trois heures. Attention : la qualité du lait est très importante : il faut utiliser du lait de ferme (lait cru), à défaut du lait entier qui donnera un résultat un peu moins crémeux.
Teurgoule sortant du four à bois, à la ferme de la Rivière. (Photo Georges Bernage © Patrimoine Normand.)
On peut aussi trouver de la teurgoule sur les marchés, comme celui de Bayeux, le samedi matin, et nous y avons dégusté une « part » de teurgoule ; celle-ci avait été cuite dans le four à pain de la ferme de la Rançonnière à Crépon. Plusieurs fermes vendent de la teurgoule « maison » sur ce marché.
Remerciements à Mesdames Geneviève Achard, Danielle Maudoin et Gisèle Sevestre. Dernier conseil : ne pas rajouter d’autres ingrédients. Une table connue propose une feuille de laurier !…
Il ne faut pas oublier qu’une teurgoule se déguste agréablement accompagnée de falue (voir dans notre précédent numéro).
Les petits « bois » d’Armand Lepaumier illustrant les encadrés - la terrine et la « fallue à côtes » - sont extraits de l’ouvrage de Jean Seguin.
Pour plus de renseignements sur les usages culinaires d’il y a un siècle, on pourra se reporter à l’ouvrage de Jean Seguin, Vieux mangers, vieux parlers bas-normands, Paris, 1934.
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