De grande taille – une soixantaine de cm pour 1,20 d’envergure – le grand corbeau porte des plumes brillantes, non pas noires, mais d’un bleu-violet irisé. Ebouriffées en éventail semi-circulaire sous la gorge, elles servent à la communication au sein d’un groupe. Les ailes sont longues et pointues, la queue carrée légèrement déployée. Plus redoutable que celui des corneilles, le bec noir recourbé constitue son arme première. Les yeux, les doigts et les pattes sont noirs. La femelle est légèrement plus petite que le mâle. (© Jean de la Py-Ouitte)
Le cap de Carteret. Oiseau protégé, le grand corbeau fait l’objet d’une attention particulière de la part des protecteurs de la nature. Les explications destinées aux visiteurs des falaises contribuent à la connaissance de ce passereau. (© Jean de la Py-Ouitte) |
Une forme noire déploie ses ailes en croassant, décolle et se laisse porter au vent par un vol majestueux, avant de disparaître à nouveau parmi les roches cernées d’ajoncs. Plusieurs couples de grands corbeaux ont élu domicile dans les falaises de Carteret, où ils s’imposent comme hôtes privilégiés, avec la morgue qui sied aux puissants seigneurs.
Le corvus corax ou corbeau noir, de l’ordre des passériformes, famille des corvidés, se distingue chez nous par sa rareté : 18 envols de jeunes seulement ont pu être dénombrés l’an dernier, dont quatre à Carteret (3 nés dans ses falaises auraient survécu). Ses séjours de prédilection sont divers habitats sauvages, tels que montagnes, zones boisées ou, pour ce qui nous concerne, falaises côtières et terrains bas où il niche en sédentaire : les rochers de Carteret et les grands arbres des marais de Carentan. Cet oiseau répandu dans le monde entier fait partie des espèces protégées. Le langage courant tend à appeler corbeau la simple corneille, beaucoup plus courante, mais il s’agit bien d’espèces différentes quoique apparentées. Si ces cousins se côtoient, ils ne s’apprécient guère et font souvent figure d’ennemis.
Un oiseau normand
Le cap de Carteret constitue en Normandie l’un des rares sites de reproduction du grand corbeau. En février-mars, de spectaculaires parades nuptiales difficiles à observer préludent à la nidification. Le nid est une sorte de grand panier de matières végétales sèches, tapissé à l’intérieur de matières douces, telles que des brins de laine de mouton, des lichens, des herbes, de la boue et du papier. Le couple est monogame, probablement uni pour la vie, et utilise le même nid d’une année sur l’autre, en le renouvelant à chaque printemps par l’apport de nouveaux matériaux. Chaque soir, il retou...
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