Le manoir d'Argences à Saussey, vu du nord. Le ruisseau d’Argences alimente les douves. (© Olinda Longuet)
Menaces sur les jardins d’Argences : jusqu’où ira-t-on dans le massacre du patrimoine ?
Jardin des roses : une géométrie à la française. (© Olinda Longuet)
Fier sans ostentation, accroché à son socle schisteux comme l’auteur des Diaboliques à son fief, desservi par un humble chemin comme à son premier jour, le manoir d’Argences ne déparerait pas une nouvelle de Barbey d’Aurevilly. Coiffé d’ardoises bleues en accord parfait avec nos ciels normands, il surgit aussi naturellement de son sous-sol ancestral que s’il était né du même plissement hercynien qui jadis façonna le Massif Armoricain. A l’instar d’un monument mégalithique, il bombe le torse en son terroir, hobereau lapidaire, émanation d’une strate géologique qu’on aurait pressée à la manière d’un fruit juteux pour en faire jaillir un joyau.
Hélas ! Cette petite merveille architecturale est menacée dans son environnement ; et à travers lui, c’est son existence même qui est en jeu. Car les hommes ont voté sa condamnation à mort, une peine encore en vigueur en France, quand il s’agit de son patrimoine bâti. En l’occurrence, le bourreau s’appelle Coutances-Bréhal, le trait de plume sur une carte d’un fonctionnaire peu scrupuleux, une route à trois voies qui doit raser le manoir comme le couperet d’une guillotine.
Imaginerait-on un seul instant une telle route traverser les alignements de Carnac, s’accrocher aux falaises du Bessin ou du pays de Caux, ou encore desservir l’abbaye du Mont-Saint-Michel ? Évidemment non ! Nul être au monde un peu doué de raison n’aurait l’outrecuidance de porter une telle offense au principe d’harmonie, qui plus est au cœur de son propre patrimoine. Personne, sauf… le Conseil Général de la Manche, qui n’en est pas à sa première inconséquence en matière d’environnement. Vous l’avez cauche...
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