Pèlerinage du mont Saint-Michel. (© Thierry Georges Leprévost)
Les pèlerins utilisent divers moyens de déplacement : la marche, le cheval, le chariot, le bateau, mais ils doivent pour leur pénitence effectuer les premiers et les derniers pas à pied, quel que soit leur état physique. (© Thierry Georges Leprévost) |
L’homme monte les dernières marches, arc-bouté sur son bourdon. Négligeant à sa gauche la petite église paroissiale, il finit de gravir la pente, exténué et heureux : devant lui s’étire la baie si longtemps espérée, à perte de vue. Là-bas, sur l’île surgie des sables, l’abbaye dédiée à l’archange semble l’appeler, à portée de mains ; au bout du monde. Il tend les bras, comme pour la saisir, reprend son souffle et s’écrie :
— Montjoie ! Saint-Michel !
Derrière lui, des dizaines de miquelots reprennent la clameur, se précipitent à sa suite, avides du spectacle. Impassible, le clocher de Courtils laisse passer la vague. Il en a vu d’autres.
De temps immémoriaux, Courtils est l’une des principales portes d’entrée en baie du Mont, au bout de la route en provenance du Maine et de l’Anjou. Certains même, venus de Rouen ou de Caen par la route des ducs, préfèrent y aboutir, plutôt qu’à Vains ou Genêts, poursuivant au sud à Pontécoulant ou au Plessis-Grimoult au lieu de bifurquer vers Avranches. En dépit de leur hâte et de l’excitation de voir au loin l’objet de leur quête, les pèlerins sont trop fatigués pour entreprendre sur-le-champ la traversée des sables. Ce sera pour demain, à la faveur de la marée descendante, après une nuit réparatrice dans l’un ou l’autre des hébergements de la paroisse.
Une longue tradition
Selon le chroniqueur de l’an mil Raoul Glaber, le Mont est vénéré « dans le monde entier ». Des pèlerinages au mont Saint-Michel sont attestés dès le IXe siècle. Il n’est alors pas rare d’y envoyer des criminels expier leurs péchés, surtout s’ils sont clercs ou religieux : ils y vont pieds nus et les fers aux pieds, afin que nul n’ignore la raison de leur pré...
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