Deux ânes du Cotentin bâtés, s’apprêtent à partir en randonnée au départ de Lessay. (Photo Erik Groult © Patrimoine Normand.)
Qui ne s’est attendri sur la route des vacances ou lors d’une promenade en Normandie, parcourant les chemins aux hautes haies de la Manche par la découverte près d’une barrière de champ, d’un petit âne gris.
Son regard curieux et pensif, son innocence, l’évocation lointaine des contes et légendes de notre enfance, peau d’âne, l’âne musicien de Brême… cet âne de terre peinte blotti dans la paille de la crèche, compagnon du Christ des premiers instants de sa vie, puis sa monture et son entrée triomphale dans Jérusalem.
Cet âne compagnon des hommes depuis la nuit des temps, des fresques de l’Égypte ancienne, de l’Antiquité. Peut-être est-ce toutes ces choses qui au fond de nous, sans le savoir, font de cet animal un être attachant.
Mais l’arrivée du modernisme et de la mécanisation ont tout révolutionné. Les minoteries ont peu à peu remplacé l’usage millénaire des moulins, situés sur des monts escarpés pour les uns ou des vallées où coulent les rivières pour les autres. Seul ce petit animal docile, mais point têtu comme le veut la légende, pouvait s’accomoder de ces sentiers, de ces « chemins aux ânes ». Là où l’homme passait l’âne passait, disait-on. Il accompagnait la laitière pour la traite à la main, celle-ci recueillait le précieux lait dans ses « cannes » installées sur son âne bâté. Tout ce paysage a disparu pour laisser place à d’efficaces, mais moins poétiques, trayeuses électriques. Tout ce progrès si rapide avait bien failli faire disparaître ces sympathiques ânes gris, devenus semblaient-ils, inuti...
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