De Richard Cœur de Lion… à Gustave Flaubert…
Dans la série sur nos anciens ducs, nous voici rendus au tour de Richard Cœur de Lion. Un personnage d’une telle dimension, à la destinée toute shakespearienne, ne pouvait se traiter en quelques pages et méritait bien que nous lui consacrions notre dossier trimestriel. Si d’aucuns le diront davantage aquitain ou angevin que normand, nous le savons à coup sûr plus normand qu’anglais, malgré l’image du « bon roi Richard » ancrée depuis Walter Scott dans la mémoire collective britannique.
Témoins de son intérêt pour notre région, les combats épiques -et presque toujours victorieux- qu’il mena contre Philippe Auguste dans les parages de la Seine ou de l’Epte, autour par exemple de la forteresse mythique de Gisors. Autre preuve de son attachement à l’ancien duché du Conquérant, le don posthume -et un peu macabre- qu’il consentit à la cathédrale de Rouen. Nous vous laissons découvrir de quoi il s’agit. Richard nous a, par ailleurs, légué un colosse minéral, dont les vestiges impressionnants dominent encore la vallée de la Seine et la ville des Andelys : Château-Gaillard reste et demeure une ombre tutélaire, hantée par le souvenir de son bâtisseur.
Le Cœur de Lion aurait pu inspirer notre Gustave Flaubert, l’une de ces gloires littéraires immortelles d’une Normandie qui en compte beaucoup, qu’elles soient nées ici ou qu’elles y aient pris racine. Pierre Corneille, François de Malherbe, Roger Martin du Gard, Victor Hugo ou Jacques Prévert ne nous démentiront pas. Flaubert qui adorait Shakespeare au point d’écrire : « J’ai été écrasé, pendant deux jours, par une scène de Shakespeare [nda : dans Le roi Lear]. Ce bonhomme-là me rendra fou. Plus que jamais, tous les autres me semblent des enfants à côté. »
C’est l’angle original, et à notre connaissance inédit, sous lequel nous avons choisi d’aborder l’immense Gustave, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Pour célébrer sa venue au monde -pour mémoire, il est né à Rouen le 12 décembre 1821-, plutôt que de raconter une énième fois sa vie, nous nous sommes intéressés à ses liens avec l’Angleterre : ses voyages à Londres afin d’y découvrir nombre de merveilles, mais aussi la façon dont son œuvre fut reçue outre-Manche, avec au départ des commentaires pour le moins… grinçants. Doux euphémisme… Jusqu’à ce que l’on reconnaisse son Éducation sentimentale comme « le chef-d’œuvre le plus extraordinaire depuis les Grecs et Michel-Ange », excusez du peu !
Nous n’allons pas vous dresser l’inventaire complet de ce que vous découvrirez au fil de ces pages : en tournant celle-ci, vous tomberez directement sur notre sommaire. Sachez plutôt que nous avons décidé de nous adjoindre les services d’une correctrice professionnelle, en la personne de Cécile Leonett. Nous lui souhaitons la bienvenue à bord et puissiez-vous, chers lecteurs, trouver ici un magazine le plus abouti possible.
Stéphane William Gondoin et la rédaction