Chef pirate sur le gaillard d’arrière de son vaisseau après avoir intercepté, pillé et brûlé un navire. Représentation romantique par l’illustrateur américain Howard Pyle (1853-1911), pour Howard Pyle’s book of pirates, édition de 1921. (© Wikimedia commons – Domaine public) ; Page de garde de l’Histoire des Avanturiers, édition française de 1686. (Archive.org)
Buste d’Alexandre Olivier Exquemelin dans le jardin des Personnalités de Honfleur, signé du sculpteur Jean-Marc de Pas. (© Stéphane William Gondoin) |
Dans notre numéro précédent, nous avions abandonné notre Honfleurais entre les mains du nouveau détenteur de son contrat. De bien mauvaises mains d’ailleurs… Détesté par ce maître, maltraité, affamé, emprisonné dans des conditions déplorables, Exquemelin est sauvé in extremis par un gouverneur compatissant. Et le voici formé à un métier inattendu, embarquant aux côtés des flibustiers.
Trente écus ! Comme les trente deniers de Judas… C’est la somme dépensée par le sieur de la Vie, commis de la Compagnie française des Indes occidentales dans l’île de la Tortue, pour acquérir le contrat de trente-six mois d’Exquemelin. Et à ce prix-là, son nouveau maître estime pouvoir l’exploiter comme bon lui semble.
L’engagé Exquemelin
Quoique leur statut diffère de celui des esclaves africains, les « trente-six mois » n’en sont pas moins affectés aux tâches les plus rudes – bûcheronnage, culture du tabac, toutes sortes de travaux de force, service des boucaniers… Peu importe leur état de santé : même malades, ils doivent continuer leur labeur sous peine de se voir infliger les pires traitements. Exquemelin raconte : « j’en ay vû battre à un point, qu’ils n’en sont jamais relevez. On les met dans un trou que l’on fait à un coin de l’habitation, & on n’en parle point davantage. »1 Leurs acheteurs sont d’ailleurs la plupart du temps eux-mêmes d’anciens engagés, maltraités à leur arrivée, ayant acquis au ter...
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