Saint-Lô, détruite à 95 % après les bombardements de 1944, surnommée capitale des ruines. Photo en couleurs prise en 1944 montrant ici le quartier de la Dollée, au nord de l’Enclos, transformé en paysage lunaire. Les décombres ont bloqué le cours de la Dollée qui s’étale en un vrai lac. (© US Army)
Depuis la tour subsistante de l’église Notre-Dame, rare photo en couleur américaine prise en direction de l’ouest et de la Vire. (© US Army) |
Parmi les grandes villes normandes meurtries à l’été 1944, Saint-Lô est celle qui a connu les destructions les plus radicales, meurtrie à jamais, comme Le Havre où les pertes humaines ont été encore plus terribles.
Le titre rappelle celui d’un article de Maurice Lantier publié dans la Revue du département de la Manche en 1969. Elle évoque bien cette « grande brûlerie » qui a meurtri à jamais Louis Beuve, décédé cinq ans plus tard, en 1949. Parmi les villes normandes, bien d’autres ont souffert de manière cataclysmique : Le Havre, Caen, Lisieux, Falaise, Aunay-sur-Odon, Villers-Bocage et d’autres encore, dont Rouen, et nous y reviendrons. Mais Saint-Lô a perdu la plupart de ses immeubles, comme nous le verrons, ville neuve d’un passé perdu.
Les Alliés avaient prévu d’écraser la plupart des carrefours et points de passage des Allemands le Jour J, afin d’entraver la montée en ligne de leurs renforts. Les moyens mis en œuvre seront très importants, les dégâts considérables et terribles, la gêne pour l’armée allemande, bien relative ; elle mettra très vite en place des itinéraires de contournement. La réelle efficacité des bombardements stratégiques fut faible avec des conséquences désastreuses. La menace aérienne pour les troupes allemandes venait surtout de l’aviation tactique (Tactical Air Force), les chasseurs-bombardiers (appelés Jabos par les Allemands) sont seuls réellement efficaces, écrasant les colonnes allemandes qu’ils mitraillent et incendient. Ce sont les chasseurs-bombardiers qui ralentissent l’arrivée des renforts vers le front. La destruction des villes normandes reste un drame, un patrimoine humain et monumental qui est une perte irréparable.
Gros plan sur le quartier de l’Enclos, le cours de la Vire dans le fond. (© US Air Force / Coll. Georges Bernage)
Pendant la nuit du 5 au 6 juin, les Saint-Lois ont entendu l’énorme vrombissement des avions larguant les paras sur la Presqu’île du Cotentin. Dès 23 heures, un avion a été touché par la Flak (la DCA), a pris feu et s’est écrasé sur une ferme à Baudre, causant la mort de sept aviateurs alliés. Un roulement sourd se faisait entendre vers Isigny et Carentan. La garnison allemande de Saint-Lô évacue la ville peu après. Le jour se lève alors que les Alliés débarquent sur la côte et, vers 10 heures, quatre bombes sont larguées sur la centrale électrique d’Agneaux à l’ouest de la Vire ; une nouvelle attaque l’achève un quart d’heure plus tard. À 13 h 30, la BBC envoie un message enjoignant les Saint-Lois d’évacuer la ville dans un rayon de trois kilomètres mais cet appel ne sera pas entendu ; les Allemands avaient confisqué tous les postes de radio…
Vers 16 h 30, la gare et la voie ferrée sont attaquées à leur tour par une quinzaine de Mustangs qui mitraillent et bombardent. Ces attaques successives rendent prudents certains Saint Lois comme le rappelle madame Odette Groult-Arondel dans son té...
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