Sur la mielle de la pointe d’Agon, entre ciel et terre, le monument dédié à Fernand Lechanteur. (© Thierry Georges Leprévost)
Fernand Lechanteur. (Coll. Thierry Georges Leprévost) |
Quand l’auteur de ces lignes était élève au Lycée Malherbe, son chef d’établissement s’appelait Fernand Lechanteur. Pour nous, il n’était que le proviseur, le prothalle, ainsi que nous l’appelions en notre stupide argot de potache. Pour nous, qui avions quotidiennement affaire aux « sous-officiers » qu’étaient les surveillants généraux, ce « chef de corps » était aussi lointain que le sera mon colonel quelques années plus tard : on sait qu’il existe, mais on ne le voit qu’en de rares circonstances. Pour nous… Et pourtant, si nous avions su !… Si nous avions su que Fernand Lechanteur était l’un des plus grands hérauts de la langue et de la culture normandes, nous l’aurions sans doute regardé avec d’autres yeux. Il est vrai qu’à l’époque, nous savions à peine que la Normandie avait une culture. Quant à la langue, à force d’entendre railler le patois et d’en lire des textes ridicules et méprisants dans certains journaux, comment l’aurions-nous prise au sérieux ? Et puis, Fernand Lechanteur était tellement discret : à l’image de sa vie. Car son recueil de poèmes : Es set vents du Cotentin, ne paraîtra qu’en 1972, après sa mort prématurée, sous son nom de plume : Gires Ganne.
Une vieille souche normande
Jailli du Cotentin, du plastron fier et robuste de la proue du vaisseau normand (selon sa propre expression), Fernand Lechanteur est un fils de la mer et du vent, avec de solides amarres terriennes :
« Dans le soir immense, le grincement lointain d’un tombereau cahotant dans une charrière prenait une importance soudaine. Une brebis perdue bêlait dans le marais. Un cri de mouettes ou de courlis trouait le calme, l’angélus apportait une onde de douceur de Régnéville. C’était alors une paix divine. L’orient s’obscurcissait len...
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