Le corbeau et le renard, une fable représentée 3 fois sur la Tapisserie de Bayeux. (Avec l’autorisation spéciale de la ville de Bayeux.)
Il est des noms propres qui deviennent noms communs : Tartuffe, Harpagon, Don Juan, Cassandre, Hercule… La liste en serait longue. Pour autant, ces noms propres ne font que s’ajouter au nom commun préexistant ; ils en deviennent un synonyme en lui ajoutant une légère nuance des sens. Renart, lui, a totalement supplanté le nom commun qu’il doublait, à tel point que parler aujourd’hui de goupil relèverait d’une préciosité un peu désuète. Le mot est définitivement éclipsé du langage courant : on ne le décèle plus que dans l’adjectif vulpin, dérivé du latin vulpes. C’est-à-dire l’influence déterminante du Roman de Renart sur la langue française. Les raisons du triomphe de ce néologisme sont intimement liées au succès littéraire de l’œuvre.
Un roman à succès
Le Roman de Renart, moins œuvre collective qu’œuvre additionnelle, a été rédigé en un laps de temps relativement court, eu égard aux contraintes techniques de publication inhérentes à l’époque : environ 80 ans, soit en gros de 1170 à 1250.
Moins d’un siècle pour ce recueil d’ouvrages nés sous une trentaine de plumes différentes et d’inspirations diverses. Une œuvre qui paradoxalement apparaît homogène (au point de figurer sous le même titre dans un seul volume), et ne s’apparente à aucun des genres littéraires connus jusqu’alors. À l’opposé d’une chronique historique, éloigné des chansons de geste et des romans courtois, ce roman - narrant une fiction rédigée en langue romane, il mérite ce nom - est aussi étranger aux Contes du Graal, au Ro...
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