Au musée de la Couture-Boussey, un atelier d’ouvriers finisseurs. (Photo Éric Bruneval © Patrimoine Normand).
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Qui de nos jours en Normandie connaît la Couture-Boussey, village des confins de l’Eure et dont les habitants revendiquent leur « normandité » ? Inconnue en France, reconnue dans le monde entier, car unique, depuis quatre siècles déjà. Quatre siècles que le vent des forêts de buis a insufflé aux habitants la passion des instruments à vent, flûtes, hautbois, musettes...
Quand la légende rejoint la réalité
La Couture-Boussey entre dans l’histoire à la fin du XVIe siècle début du XVIIe siècle. Village coincé entre la Normandie et l’Île de France, rien ne le prédisposait à devenir ce qu’il fut. Et pourtant, un faisceau d’événements l’y ont conduit. Le site tout d’abord, entouré de forêts qui, semble-t-il, possédaient beaucoup de buis utilisé par les artisans tourneurs dès avant le XVIe siècle ; la proximité d’Anet, château de Diane de Poitiers, où se réunissait la cour qui joua un rôle d’émulation dans la région ; l’histoire avec la bataille d’Ivry près de la Couture, en 1590, au cours de laquelle les troupes d’Henri IV furent victorieuses de celles du duc de Mayenne, et qui laissa aux habitants de la région les fifres qui accompagnaient les batailles à cette époque ; une légende enfin, celle d’un homme venu de nulle part, mais qui savait travailler le bois et l’aurait transmis aux habitants des lieux. Un homme surnommé « Hotte Terre »... Tous les acteurs sont là pour que s’ouvre le bal, pour que se joue la pièce qui, souhaitons-le, ne s’arrêtera pas. Que dire de l’inconnu, ce « Hotte Terre » ? S’il exista, il peut être fier de ceux qui portèrent son nom. Quant au reste, il est vraisemblable en effet que les habitants des villages de la plaine avaient développé un artisanat du bois et que, inspirés par les fifres laissés sur le champ de bataille, ils se lancèrent dans la facture d’instruments à vent. C’est l’apparition des premières mentions de facteurs d’instruments suivant de près la bataille qui laisse à le penser. Enfin, la cour très proche à Anet, entraîna certains par sa forte demande en instruments à se lancer dans ce domaine. À l’origine fabricants d’instruments traditionnels, ils se spécialisent très vite, à la fin du XVIIe siècle, dans les instruments destinés à la noblesse pour les orchestres de musiques savantes, écrites. Cette spécialisation entraînera malheureusement la perte de traditions, comme celle de la musette, ou de la musique non-écrite que l’on ne jouait plus, attiré par plus brillant. L’artisanat en tout cas se développa dans un rayon limité autour de la Couture-Boussey, avec l’installation de nombreux ateliers, certains donnant naissance à des dynasties de facteurs célèbres. Au XIXe siècle est petit à petit amenée l’indus...
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