Torigni-sur-Vire - Château des Matignon. Vue aérienne montrant le plus grand des deux étangs (à l’est), la façade méridionale dominant ce qui fut le parc puis l’ancienne cour des canons (actuellement un verger) dominant l’étang du Grand Vivier du haut de sa terrasse abrupte. (Photo Y. Guéret-Roméo Indi PVA.)
Bourg trop méconnu, Torigni-sur-Vire, fut un « Versailles normand », superbe château avec un parc de 60 hectares d’où les Matignon représentaient le Roi pour la Normandie, ils s’allièrent aux Princes de Monaco qui y résidèrent très souvent jusqu’au début du XIXe siècle.
Torigni fut fondée par un certain Taurinus à l’époque gallo-romaine : Tauriniacum signifie la « propriété de Taurinus ». À l’époque classique, alors qu’on n’avait pas redécouvert la toponymie gallo romaine, une étymologie tout à fait fantaisiste fut proposée : Turres igneae, les « tours de feu ! ». C’est ainsi que fut créé le blason de la ville représentant deux tours crachant le feu, c’était oublier des formes médiévales comme Thorineium castrum. Notons aussi que le nom de la localité était Thorigny, jusqu’à l’époque moderne où nous trouvons les formes Thorigni, Torigny et Torigni. Ce dernier est, curieusement, la forme moderne car la finale gallo-romaine est en « y » dans nos régions. Selon les époques, l’orthographe évoluera dans notre texte.
L’histoire nous mène ensuite au XIe siècle. À cette époque, Thorigny est le siège d’une importante barronie qui est sous le contrôle de Hamon aux Dents (il fut aussi seigneur de Creully entre Bayeux et Caen) qui participa à la révolte contre Guillaume le Conquérant et fut tué en 1047. Son fils, Robert Fitz-Hamon participe à la bataille d’Hastings et le duc-roi lui restitue sa baronnie. Sa fille, Sibylle, épouse Robert, fils naturel du roi Henri Ier Beauclerc. Robert devient Comte de Glocester et Baron de Thorigny. C’est lui qui reconstruit le château (probablement encore protégé par des palissades de bois) pour en faire une forteresse inexpugnable. Il fait creuser de profonds fossés dans le roc et d’immenses étangs pour le protéger du côté ouest et du côté sud, ils ont pour la plupart survécu jusqu’à aujourd’hui. Quant au château, c’est une enceinte quadrangulaire flanquée de tours carrées. Il semble qu’à l’angle nord-est se dressait un puissant donjon : comme nous le verrons, il semble avoir été incorporé au château ultérieur. Ces travaux avaient été exécutés à la mort de Henri Ier (1135). Henri II Plantagenêt va alors reprendre la conquête des domaines aliénés par son père : il met le siège en 1151 devant le château de Thorigny qui est alors achevé ; il brûle quelques maisons du village mais échoue devant la puissance du donjon. Finalement, en 1154, Henri, duc de Normandie, s’en empare au bout de quinze jours de siège grâce à trois tours de bois, face à la puissance des défenses. Robert de Thorigny aura deux fils, Richard de Kent, évêque de Bayeux et Guillaume Comte de Glocester et Baron de Thorigny. Sa fille, Isabelle (ou Hawise) épouse l’un des fils du roi Henri II, Jean-sans-Terre, futur roi. Philippe-Auguste confis...
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