Il y a environ mille ans, des bandes de Vikings s’installèrent dans notre région et la Neustrie devint ainsi la Normandie. Leur effort a été décisif mais fut inégal selon les secteurs de la Normandie. La densité de leur implantation fut la plus grande aux deux extrémités littorales de notre région : le pays de Caux et le Cotentin. Un festival viking s’est tenu cet été à Carteret, occasion de se rappeler quelle fut leur implantation dans la presqu’île du Cotentin.
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Le 12 mai 841, Asgeir arrive avec sa bande de Vikings dans l’estuaire de la Seine et remonte le grand fleuve. C’est le premier raid connu sur nos côtes. Il sera suivi par ceux de Ragnar en 845, Sigtrygg de 852 à 857, Gofrid en 852, Biörn de 855 à 858, Hâstein (« Hasting ») en 858, Veland en 861 et enfin Hrolf (« Rollon ») en 887. Les chroniques monastiques nous ont laissé les dates de ces raids et les noms de ceux qui les ont mené en « Basse-Seine » mais nous savons très peu de choses de ceux qui eurent lieu dans la presqu’île du Cotentin. Seule l’étude des noms de lieux nous fournit quelques pistes solides.
Tout d’abord, si Hrolf/Rollon, qui aborda nos côtes dès 887, obtint en 911 la cession par le roi de France de la Basse-Seine, les évêchés de Rouen et d’Evreux (à peu près l’équivalent de l’actuelle Haute-Normandie). Les territoires des évêchés de Coutances et d’Avranches (y compris les îles Anglo-Normandes) et qui correspondent à peu près à l’actuel département de la Manche, ne passeront sous l’autorité des ducs de Normandie qu’en 933, un an après la mort de Rollon. En effet, en 867, Charles le Chauve avait cédé au roi de Bretagne, Salomon, « le comté de Cotentin avec tous les fiscs, les villae royales et les abbayes situées dans ce comté, et toutes les choses qui lui appartenaient ». Mais, de là à dire que le Cotentin a été « breton » de 867 à 933, soit pendant 66 ans, c’est aller vite en besogne. En effet, de même que la Basse-Seine était ravagée par des Vikings qui finirent par s’installer de chaque côté du fleuve, la Basse-Loire connut le même sort. Asgeir, déjà vu dans la Basse-Seine en 841, sévit en Basse-Loire et participe à la prise de Nantes en 843. La Bretagne, appelée Bretland par les Scandinaves (et le Cotentin) passe en partie sous le contrôle des Vikings jusqu’à la bataille de Questembert en 890 mais surtout à partir de 919 avec l’occupation totale de la Bretagne par Râgnald.
Le campement viking fidèlement reconstitué dans les dunes de Carteret. (© Georges Bernage).
Des terroirs scandinaves
En tous cas, si la pénétration scandinave en Bretagne reste limitée à quelques secteurs côtiers, le Cotentin et surtout les îles anglo-normandes semblent être de solides bases arrière pour les Vikings. Les îles ont des noms se terminant par ey qui signifie « île » en scandinave : Jersey, Guernesey, Alderney (Aurigny), Chausey. Les Ecrehou (entre Jersey et Carteret) semblent avoir été des « Skeriahôlmar » (« îlots des écueils »). Bien plus, d’après les indications fournies par le douaire de la duchesse Adèle (qui date de 1026-1027), nous connaissons les noms scandinaves des terroirs composant la presqu’île du Cotentin. Au nord-ouest est Haga (la Hague), en vieux scandinave (et en islandais moderne - langue qui a très peu évolué depuis l’époque des Vikings) hagi est une prairie ouverte. Au nord-est est le Sarnes (pron. « Sarnèss »), notre actuel Val de Saire. Nes en scandinave est un cap Sarnes est en fait « la Pointe de Saire », nom topographique existant d’ailleurs à proximité de la rivière Saire. Le troisième terroir désigné est le Helgenes (pron. « Hélguenèss ») qui serait notre actuel Cap de Flamanville (soit à peu près le terroir correspondant à notre actuel canton des Pieux). Ce nom serait un Helganes signi...
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