Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889), lui-même un dandy. Portrait anonyme. (© Paris musées – Musée Carnavalet – www.parismusees.paris.fr – Domaine public)
Le Rideau cramoisi. Gravure de Félicien Victor Joseph Rops (1833-1898) pour Les Diaboliques, Belgique, 1886. (© The Los Angeles County Museum of Art – Domaine public – https://collections.lacma.org) |
Le Rideau cramoisi ouvre le recueil de nouvelles intitulé Les Diaboliques et nous plonge d’emblée au cœur de l’univers aurevillien. Dans l’atmosphère feutrée d’une diligence, deux connaissances se croisent après quelques années de séparation. Épisodique durant la première partie du trajet, leur conversation prend un tour inattendu lorsque, par une nuit sombre, la voiture s’arrête sous une fenêtre fermée d’un épais rideau rouge vif, derrière lequel on devine la faible lumière d’une chandelle.
Un huis-clos d’abord jovial, voire drôlatique, évoluant petit à petit en drame : ainsi pourrions-nous résumer en quelques mots ce Rideau cramoisi. Le narrateur de l’histoire s’en va « chasser le gibier d’eau dans les marais de l’Ouest », que l’on assimile volontiers à ceux du Cotentin, tant l’œuvre de Barbey est intimement liée à sa terre natale. Dans le coupé1 de la diligence assurant la liaison Versailles-Évreux, il retrouve une vieille relation, un personnage haut en couleur dont il préserve le relatif anonymat en l’appelant le « vicomte de Brassard ».
Portrait d’un dandy
La description physique et morale que Barbey nous offre de son vicomte de Brassard est un morceau d’anthologie de la littérature, à la fois drôle et féroce. Adepte du dandysme, ce courant arrivé d’Angleterre au début du XIXe siècle dans les bagages de George Brummell, de Brassard est également militaire de ca...
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