Marcelle Capy. 1891 - 1962. (© Guillaume Néel)
Imaginez-vous pousser la porte d’une librairie normande, à Caen, Rouen, Cherbourg ou Alençon, en 1916, alors que les hommes meurent en masse à Verdun ou dans la Somme. Sur les tables où sont soigneusement rangés les derniers ouvrages publiés, un titre attire votre attention : Une voix de femme dans la mêlée, signé d’une certaine Marcelle Capy. L’auteur de la préface est une sommité, Romain Rolland, lauréat du prix Nobel de littérature 1915, pacifiste convaincu. Surprise, lorsque vous tournez les pages, nombre d’entre elles sont estampillées d’un encadré où figurent ces quelques mots : « Coupé par la censure ». Des pages entières ont purement et simplement disparu, tandis qu’aucun discours discordant n’est plus toléré dans une France en guerre. Cette parole, c’est celle de Marcelle Marquès, qui a choisi Capy comme pseudonyme. Après le conflit, cette native de Cherbourg de 25 ans, militante féministe, donnera des conférences sur toute la planète, croisant la route d’Heinrich Mann, d’Henri Barbusse ou d’Albert Einstein, excusez du peu. On lui reprochera son silence durant l’occupation, voire ses articles publiés dans la revue collaborationniste Germinal. Elle n’en demeure pas moins une figure centrale du pacifisme et du féminisme.
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