Sur cet extrait de la Broderie de Bayeux, nous voyons Harold venant rendre compte de sa mission en Normandie au roi Edouard le Confesseur. La scène se passe au palais royal à Londres. Nous remarquons la tour de l’entrée, à gauche, en pierre bicolore, un type d’architecture connu dès l’époque carolingienne et hérité du Bas Empire. Le roi est sous un dais de tissu, porté par des colonnes, ce qui donne une idée de la richesse du décor intérieur à cette époque. Remarquons aussi les lanternons au-dessus de la toiture. (© Bayeux Museum)
Quel était l’architecture des palais des ducs de Normandie, de 911 à 1204 ? Cette étude va nous permettre d’entrevoir des décors étonnants bien plus que ce l’imagerie nous proposait jusqu’à maintenant. Plongeons dans un univers coloré et surprenant.
Il reste peu de choses de l’architecture civile de Guillaume le Conquérant et de ses prédécesseurs. Les vestiges sont plus importants à partir du début du XIIe siècle, du règne de Henri Ier Beauclerc. Mais, même pour cette époque, nous n’avons devant les yeux que des pans de murs, squelettes décharnés. Imaginez le château de Versailles réduit à l’état de ruines, comment imaginer la galerie des glaces et la somptuosité du décor ? On imagine généralement Guillaume le Conquérant dans des palais de bois brut et pataugeant dans des flaques. Mais c’est là le décor d’une porcherie et non d’un palais ducal puis royal. Reportons-nous en arrière, sous le règne de Charlemagne, vers l’an 800. Il nous reste, en architecture civile, quelques rares mais beaux exemples. Tout d’abord la porterie de l’abbaye de Lorsch. Sa façade présente un appareillage polychrome que nous retrouverons plus tard sous nos ducs, comme nous le verrons plus loin. Quant au décor intérieur, il est peint et soigné. Nous savons qu’au XIIe siècle, à Cluny, de tels décors existaient dans de simples maisons urbaines, pourquoi pas, dans la période intermédiaire, en Normandie ?
Ainsi, de l’an 800 aux années 1150, il existe une continuité, de décor peint, à l’intérieur des édifices d’une certaine qualité, donc en Normandie, duché réputé alors pour sa richesse. Nos aïeux appréciaient peu la pierre apparente, sauf pour les étables à cochons, les burets. Les murs étaient généralement enduits et décorés à base de pigments. Le décor peint utilisait souvent toutes les surfaces disponibles, les plafonds et les pavages, comme nous le verrons, par des témoignages archéo...
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