Le Havre, 130, cours de la République. La mémoire honorée de la famille Fuchs. (© Stéphane William Gondoin)
En cette année du 80e anniversaire de la tristement célèbre rafle du Vél d’Hiv, le travail de l’artiste allemand Gunther Demning prend une dimension particulière. Depuis les années 1990, ce Berlinois scelle devant le dernier domicile connu de victimes de la barbarie nazie, ce qu’il appelle des Stolpersteine (singulier Stolperstein) que l’on peut traduire en français par « pierre d’achoppement ». Il s’agit de pavés de béton couverts d’une plaque de laiton, sur laquelle on peut lire le nom de la personne, sa date de naissance, la date de sa déportation, la date et le lieu de son assassinat, qu’elle soit juive, témoin de Jéhova, tzigane, handicapée… Près d’une centaine de milliers de ces blocs sont aujourd’hui disséminés à travers toute l’Europe, principalement en Allemagne, mais aussi dans une grosse vingtaine d’autres pays. En France, les premières Stolpersteine furent installées en Vendée (2013), puis en Gironde (2015). Plusieurs communes normandes se sont depuis jointes à la démarche, à l’image de Bretteville-l’Orgueilleuse, de Sotteville-lès-Rouen, de Rouen et du Havre. Le texte commence toujours par ces deux mots : « Ici habitait » (« Hier wöhnte » en allemand). Au Havre par exemple, au 130, cours de la République, on apprendra le destin tragique d’Anna, de Madeleine, de Marie et de Simone Fuchs, toutes les quatre déportées et disparues dans l’usine de mort d’Auschwitz.
Une œuvre mémorielle indispensable, à l’heure où la barbarie s’abat de nouveau sur l’est de l’Europe et où les monstres renaissent de leurs cendres jusqu’au cœur des démocraties occidentales.
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