Une scène de la vie quotidienne pour les peintres installés à la ferme Saint-Siméon, vue par Adolphe-Félix Cals (Paris 1810-Honfleur 1880). « Dans ce paysage naturaliste qui fut un creuset pour le versant physique de l’impressionnisme, la représentation des éléments, l’esprit de la ferme Saint-Siméon joua un rôle capital puisqu’il favorisa le mélange d’une nature sublime mais bien souvent rude, triste, violente, avec ses habitants permanents ou provisoires, saisis dans la cruelle vérité de leur labeur ou de leur oisiveté. ». (Alain Tapié, De Corot à Vuillard, Peindre en Normandie, CID, 2005)
Aujourd’hui, la ferme Saint-Siméon est devenue le haut lieu touristique de la Côte-de-Grâce. Si le corps de la ferme initiale a été à peu près conservé, au prix d’une toiture de chaume remplacée, d’abord par de l’ardoise, puis par une tuile en accord avec les couvertures du pays d’Auge, on est tenté de juger avec moins d’indulgence son extension face à la mer, œuvre du sieur Chasles : une sorte de grand chalet bardé d’essentes de bois, propre à accueillir un nombre important de visiteurs. On peine à évoquer à travers cet ensemble trop bien agencé l’univers créatif et plutôt bohême des artistes qui ont concouru au XIXe siècle à sa réputation. (Photo Thierry Georges Leprévost © Patrimoine Normand) |
Dans notre précédente édition, nous vous avons présenté l’exposition désormais permanente à l’Abbaye-aux-Dames de Caen de la collection Peindre en Normandie. Nous poursuivons notre promenade, cette fois-ci rive gauche de la Seine, à travers un nouveau choix d’œuvres rassemblées à l’initiative d’Alain Tapié. Et, puisqu’il s’agit de peinture, rendons-nous en un lieu emblématique de la création picturale normande, la célèbre ferme Saint-Siméon à Honfleur, véritable temple de talents artistiques au XIXe siècle.
La ferme Saint-Siméon domine la baie de Seine. Accrochée sur le coteau, elle se tient un peu à l’écart de la cité portuaire qui vit partir au XVIe siècle les découvreurs du Québec. À l’écart, et pour cause : jadis y était installée une léproserie, avant qu’elle cède la place aux Capucins qui y élèvent une chapelle dédiée à Saint-Siméon. Son nom restera attaché au site. Pierre-Louis Toutain y ouvre une auberge en gérance courant 1820. Bien située sur la Corniche normande entre Trouville et Honfleur, elle jouit à la fois du charme sauvage de la Côte de Grâce et des vastes horizons maritimes de la baie de Seine. Il lui faudra pourtant attendre près de trente ans pour prendre son essor. En 1848, Catherine-Virginie Morin, la jeune épousée de l’aubergiste, allie à ses qualités de cuisinière un solide sens de l’accueil ; elle donne une âme à la ferme et séduit notamment par ses maquereaux à l’oseille, très répu...
Il vous reste 94 % de cet article à lire.
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|