Château d’Eu, façade nord. (Photo Alexandre Vernon © Patrimoine Normand)
Tout au nord de la Normandie, tout au bout du ruban cristallin de la Bresle, et au débouché d’une forêt fastueuse, des souvenirs de princes et de princesses, de rois et des reines qui ont hanté ces lieux interpellent le visiteur avec toujours autant d’intensité. Dans des effluves de lys, la ville d’Eu que voilà est riche d’un passé historique exceptionnel : témoin du mariage d’un duc normand conquérant qui allait bientôt devenir roi d’Angleterre, berceau de toute une génération qui régna sur la France, demeure favorite du roi Louis-Philippe qui y scella avec la Grande-Bretagne le départ de « l’Entente Cordiale » dont on fête cette année le centenaire. C’est pourquoi cette région, que la situation extrême, géographiquement parlant, que l’on pourrait croire éloignée de tout, a été au contraire le centre d’une brillante activité politique et la rencontre obligée de bien des têtes couronnées.
Eu, vue générale. Gravure du XIXx siècle. (Photo Alexandre Vernon © Patrimoine Normand)
La vieillesse forteresse
Du vaste château fort médiéval qui existait jadis à Eu, il ne reste plus rien. Il fut incendié en 1475 sur ordre du roi Louis XI qui craignait une attaque des Anglais. C’est pourtant dans ce château que Guillaume, dit le Bâtard, épousa Mathilde, fille de Baudouin V, comte de Flandre, et d’Adèle de France. Un mariage désiré par Guillaume avec obstination contre vents et marées et malgré l’interdiction du pape Léon V, il fut célébré en 1050 en toute intimité sans la présence des grands barons de l’époque soit dans la chapelle du château, soit dans l’église collégiale. Il était ainsi clairement démontré que le climat était plutôt hostile à la montée en puissance du nouveau duc de Normandie. Mais déjà, fort de sa foi et de ses convictions, le jeune Guillaume allait de l’avant.
Le vieux château, un peu plus tard, devait subir quand même un siège de la part du duc de Normandie, occupé alors par le comte d’Eu, Guillaume de Bussac, petit-fils de Richard Ier, qui devenait menaçant pour le duché. Celui-ci fut contraint à l’exil, tandis que son frère Robert fut appelé à le remplacer. Le château passe ensuite en 1350 à la famille d’Artois, Jean d’Artois devenant comte d’Eu sur décision de Jean le Bon. Le comté d’Eu tomba ensuite aux mains des Anglais. C’est à cette époque, en 1430, que Jeanne d’Arc, prisonnière des Anglais, fut conduite à Eu en attendant d’être transférée à Rouen. Elle passa la nuit dans « la fosse aux lions », la prison du château, emplacement où s’élève aujourd’hui une tourelle ex...
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