René Duchez, le résistant qui déroba les plans du mur de l'Atlantique. (© Patrimoine Normand)
MICHEL DE DECKER - HISTOIRES NORMANDES.
Journal de bord ma Normandie Bleue - n°81.
Espionnage et polars en Normandie : l'histoire de René Duchez, le résistant qui déroba les plans du mur de l'Atlantique ; et l'arrestation d'Émile Buisson, l'ennemi public n°1, à Claville en 1950.
Blockhaus et coups de pinceaux
Cet été, lorsque vous vous ferez délicatement bronzer sur telle ou telle plage du Débarquement, vous ne manquerez pas d'avoir une pensée émue, du moins je l'espère, pour ce peintre en bâtiments qui a eu l'idée de… poser du papier peint sur le mur de l'Atlantique.
Le mur de l'Atlantique ! Il s'agissait, pour les hommes du Reich, de construire une véritable grappe de blockhaus et de casemates blindées. Avec un tel rempart, la grève normande était appelée à devenir quasiment inabordable. Songez que Berlin allouera plus d'un million trois cent mille mètres cubes de béton pour l'édification d'un tel ouvrage ! Et quel raffinement dans l'art de poser les pièges ! En se retirant des plages de sable fin, la mer laissait en effet apparaître un incroyable assortiment d'engins plus meurtriers les uns que les autres. Ils étaient soit destinés à éventrer les péniches, soit à enrayer la progression des chars ou, à défaut, à clouer sur place le pauvre fantassin. Ici, des pieux chargés de mines, là des hérissons tchèques sur leurs socles maçonnés ; ici d'énormes bastings montés dans des trous creusés avec des manches à incendie, là-bas des tétraèdres en béton garnis de mines ouvre-boîtes. Des milliers de chevaux de frise, aussi, et des tonnes de mines plates, sans oublier cette énorme dentelle de barbelés défilant sans interruption sur des centaines de kilomètres ! Une broderie qui n'avait assurément pas été tissé par des doigts graciles…
Ausweis !
La réalisation du mur de l'Atlantique avait été confiée à l'organisation Todt - du nom de son ancien dirigeant - dont les bureaux d'études s'étaient déjà penchés sur la plupart des grands travaux du régime hitlérien.
Et c'est au siège Caennais de cette Todt que, le jeudi 7 mai de 1942, arriva tout benoîtement un artisan peintre qui avait entendu dire que les Allemands cherchaient un professionnel qui pourrait donner un petit coup de fraîcheur aux lambris fatigués ou aux murs défraîchis, et ce au plus petit prix.
- Ausweis !
- Je suis peintre en bâtiments ! Je viens vous proposer mes services pour le chantier… On m'a fait part de votre appel d'offre… Je m'appelle Duchez !
Avec l'apparition de ce Duchez dans les bureaux de l'organisation Todt va commencer l'une des histoires qui comptent parmi les plus invraisemblables de la dernière guerre mondiale.
Il faut tout de même préciser, avant d'aller plus avant dans cet épisode rocambolesque, que le sieur René Duchez, qui appartenait à Centurie, un groupe de résistants caennais créé en 1941, avait une petite idée derrière la tête en ve...
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