Le Havre, « cité médiévale » ? Le passé méconnu de la Porte Océane. Le prieuré de Graville, principal monument médiéval havrais. Il est bâti sur la falaise morte dominant l'estuaire de la Seine. (© Stéphane William Gondoin)
Statue de François Ier par R. A. Duparcq. Le fondateur de la ville du Havre n'imaginait sans doute pas le développement futur de sa création. (© Stéphane William Gondoin) |
Le Havre fêtera en 2017 le cinquième centenaire de sa fondation par le roi François Ier. Ville jeune donc, au regard des longévités caennaise ou rouennaise. Mais les racines de la dernière née des grandes cités normandes, sont bien plus profondes qu'il n'y paraît de prime abord. Présentation du « Havre » avant Le Havre.
« Vous avons donné et donnons plain pouvoir et auctorité de faire construire ledit hâvre et fortifficacion au lieu de Grasse ». Par ce trait de plume, François Ier engage les travaux pour la construction du port du Havre et métamorphose à jamais la géographie de la pointe de Caux. La graine semée ce 7 février 1517, à l'emplacement de l'actuel quartier Notre-Dame, entame bientôt une croissance effrénée en direction du nord et de l'est. Au fil des siècles, la ville déborde de ses enceintes fortifiées successives, costumes devenus chaque fois trop étroits pour ses ambitions nouvelles et que l'on se doit d'agrandir. Rien n'arrête les irrésistibles tentacules urbaines. Patiemment, elles grignotent les terrains marécageux environnants et finissent par enserrer les anciennes paroisses de la plaine alluviale : les habitants d'Ingouville, de Graville, de Leure deviennent havrais. Toujours insatiable, la cité se lance alors à l'assaut de la falaise morte dominant l'estuaire de la Seine et colonise le plateau. Les communes de Sanvic, de Bléville et de Rouelles sont annexées. Chacune de ces entités existait pourtant des siècles avant la fondation du Havre. En les absorbant, la Porte Océane est devenue dépositaire de leur mémoire. L'histoire médiévale du Havre se lit dans celle de ses quartiers.
Prieuré de Graville. Chevaliers au combat, tels Guillaume Malet à Hastings. (© Stéphane William Gondoin)
Guillaume Malet, premier « Havrais »
La première figure historique de la pointe de Caux à réellement émerger des brumes du passé, est un certain Guillaume Malet (parfois aussi Mallet), seigneur de Graville. On ignore ce que signifie ce surnom, objet de bien des débats. Son origine est peut-être à rechercher du côté du latin « malleatus » (battu au marteau, forgé) ou de l'ancien français « maleit » (maudit). On avance aussi parfois le sens de « messager ». Il figure parmi les témoins d'une demi-douzaine d'actes ducaux entre 1035 et 1071, date probable de sa mort. Il est le seul compagnon de Guillaume le Conquérant à posséder des biens en Angleterre avant les évènements de l'année 1066. Il apparaît donc dans le Domesday Book, cet énorme recensement des propriétés foncières britanniques compilé en 1086, comme détenteur de sept manoirs « au temps du roi Édouard [le Confesseur] » (1042/1043-1066). Ses domaines sont situés dans le Lincolnshire, au nord-est du royaume. On y trouve notamment la terre de Rothwell (Rodewelle en vieil anglais), qui partage étrangement son étymologie avec le quar...
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