Deux exemplaires du Domesday Book : le Grand et le Petit. Le Great Domesday Book, (à gauche) couvre la majorité de l’Angleterre, sauf l’Est-Anglie. Le Little Domesday Book, (à droite) qui lui, couvre l’Est-Anglie, constitue un stade antérieur de la rédaction, une sorte de prise de notes « brute de décoffrage ». Sans la mort de Guillaume en 1087, son contenu aurait sans nul doute été intégré au Grand. (© Thierry Georges Leprévost)
La forteresse de Portchester, qui gardait l’un des principaux ports du sud de l’Angleterre, deviendra un peu plus à l’est Portsmouth. Protégé par l’île de Wight, Portchester était l’un des lieux privilégiés d’embarquement vers la Normandie. (© Thierry Georges Leprévost) |
À la fin de 1084, Guillaume doit quitter la Normandie. Ses agents de renseignements lui ont fait parvenir les nouvelles d’une inquiétante coalition du côté de la Mer du Nord. Si le chef apparent en est le roi Knut de Danemark, l’âme de la menace n’est autre que le nouveau comte de Flandre, son vieil ennemi Robert le Frison, dont la fille a épousé le roi danois.
Ce dernier entend monter sur le trône jadis occupé par un autre Knut beaucoup plus étoffé que lui, ce qui lui avait valu le surnom de Knut le Grand. Il concentre une importante flotte d’invasion dans le Limfjord, un vaste golfe à l’époque, aujourd’hui considérablement rétréci. Sur les navires, des Danois, des Flamands, et aussi des Norvégiens. Fidèle à la promesse faite après la défaite de son père Harald à Stamford Bridge, le roi Olaf Kyrre ne prendra pas directement part à la campagne militaire, mais en vertu du vieux principe nordique de liberté, il ne peut empêcher ses sujets de s’y engager à titre personnel, pour tenter l’aventure.
Avant de quitter le continent, Guillaume recrute tellement de troupes, tant en Normandie qu’en Bretagne, qu’il en débarque à Portchester encore plus qu’à Pevensey dix-huit ans plus tôt ! A tel point, nous dit la Chronique anglo-saxonne, que les Anglais se demandent comment le pays va pouvoir subvenir aux besoins d’une pareille armée…
Pour mieux faire face à l’invasion pressentie, et empêcher le ravitaillement de l’ennemi, le roi ordonne de dévaster la campagne anglaise près des côtes est et sud-est. Une précaution inutile, car le débarquement n’aura pas lieu. En effet, des dissensions se sont fait jour au sein de la coalition. Une mutinerie finit pas éclater, menée par Olaf, le propre frère du roi Knut. Ce dernier le fait arrêter et le livre à son beau-père Robert le Frison qui le gardera quelque temps en ses geôles. Guillaume respire mieux. En décembre 1085, il licencie la majorité de ses mercenaires et reprend le cours normal de son règne. À Noël, il séjourne à Gloucester.
Le Domesday Book
En cette solennelle circonstance, il s’est coiffé de la couronne royale, face à sa cour réunie pour cinq jours de conseil : archevêques, évêques, abbés, barons et chevaliers. Suivent encore trois jours de conférences ecclésiastiques, au cours desquelles le duc-roi fait nommer évêques trois Normands de sa chapelle royale : Maurice à Londres, Guillaume à Thetford et Robert à Chester.
Et surtout, cette assemblée est pour lui l’occasion de faire connaître une décision qui allait révolutionner l’administration anglaise et donner du grain à moudre aux histo...
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