Odon de Bayeux, « dompteur de Saxons depuis 1066 ». (Avec l’autorisation spéciale de la ville de Bayeux)
Armé de sa massue, Odon de Bayeux à la bataille de Hastings ; reconstitution English Heritage, 14 octobre 2000. (© Thierry Georges Leprévost) |
La trahison d’un frère
En 1082 court au Vatican une étrange rumeur. Voyants et mages ayant entrepris de deviner qui succéderait à Grégoire VII sur le siège pontifical, ils étaient arrivés à la conclusion que l’heureux élu porterait le nom d’Odon ! Il n’en fallait pas plus pour que l’évêque de Bayeux se vît aussitôt coiffé de la tiare1.
Prenant les devants, Odon de Conteville s’empresse d’envoyer ses délégués à Rome, avec mission d’acquérir pour lui un superbe palais qu’ils feront richement décorer et meubler ! Parallèlement, il les charge d’acheter à prix d’or le soutien des plus hautes personnalités ecclésiastiques de la cité. Car le frère de Guillaume n’a plus qu’une idée en tête : quitter l’Angleterre pour l’Italie où il pourra plus aisément se concilier l’appui nécessaire à son élection quand ce moment sera venu.
Lorsque Grégoire VII avait sollicité, contre l’empereur Henri IV et ses alliés qui l’assiégeaient, l’aide du roi d’Angleterre, ce dernier s’y était refusé. Qu’importe ! Odon répondra favorablement à sa supplique, avec l’aide de bons guerriers. Il rallie à sa cause l’earl de Chester Hugues d’Avranches et une trentaine de chevaliers aventureux, avides de conquêtes et de pillages. Or, Hugues n’est pas le premier venu. Vicomte d’Avranches depuis 1070 par le bon vouloir de Guillaume, il règne aussi sur les châteaux de Saint-James en Normandie et de Chester en Angleterre et siège au sein du conseil rapproché du duc-roi. Il figure de ce fait parmi les nobles les plus élevés de la hiérarchie, et son intention d’abandonner le royaume en est d’autant plus grave.
Car Odon a pris sa décision : il ira s’embarquer au départ de l’île de Wight afin de rallier la Normandie, et de poursuivre sa route jusqu’en Italie. Le monde chrétien est à sa portée ; il entend bien le saisir à deux mains, tout comme son frère le fit de la terre anglaise seize ans aupa...
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(5) La révélation de cette prophétie, dont la mention arrive tard dans l’élaboration des chroniques, demeure obscure au sein d’un épisode de l’Histoire qui ne l’est pas moins. N’est-ce pas Odon lui-même qui est à l’origine d’une rumeur créée de toutes pièces dans un but d’intoxication politique ? Toujours est-il qu’à la mort de Grégoire VII, survenue à Salerne le 25 mai 1085, c’est Eudes (ou Odon) de Lagery qui lui succède. La prédiction s’est réalisée.
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