Rémi Pézeril en cours de normand, au collège des Pieux en 2003. (© Thierry Georges Leprévost)
Pas encore, mais on avance (à très petits pas) ! Le 8 avril dernier, à la suite d’un vote favorable du Sénat en décembre 2020, l’Assemblée nationale a adopté en deuxième lecture une proposition de loi pour protéger et promouvoir les langues et les cultures régionales. Les enseignants des premier et second degrés sont autorisés à recourir aux langues régionales, dès lors qu’ils en tirent profit pour leur enseignement. Il s’ensuit deux nouveautés : la possibilité d’instaurer un enseignement immersif dans une langue autre que le français, pendant une grande partie du temps scolaire, et l’introduction des signes diacritiques (comme en breton le tilde du ñ de Fañch) dans les documents administratifs.
Actuellement, cet enseignement concerne le basque, le breton, le catalan, le corse, le créole, le gallo, l’occitan, l’alsacien, le tahitien, le mélanésien. Aucune langue d’oïl donc, à l’exception notable du gallo (depuis 2001). Puisque cette langue romane a été retenue, rien n’empêcherait le normand d’entrer à bon droit dans la liste à un horizon indéterminé, compte tenu de sa richesse, de sa contribution au français, et de la position sans ambiguïté qu’a prise à son égard la région Normandie.
Livres sur la langue normande. (DR)
Mais le texte se heurte à des écueils : l’utilisation de signes diacritiques serait anticonstitutionnelle, de même que l’enseignement en immersion dès le primaire, puisque la langue de la République est le français. Or, d’une part le projet fait état de bilinguisme ; d’autre part, les écoles en immersion totale ont fait la preuve de leur efficacité pédagogique, sans que la connaissance du français ait eu à en souffrir. Toujours est-il que le Conseil constitutionnel a fait une autre lecture du texte, qu’il a censuré.
Et le normand, dans tout ça ? Outre le fait qu’il n’est même pas mentionné, le faible nombre de locuteurs et de professeurs potentiels. limite le risque de le voir détrôner le français sur les bancs des écoles. Il reste du chemin à parcourir pour sauver les langues régionales.
À l’intention de ceux qui douteraient et ne verraient dans not’ loceis qu’un simple « patois », précisons que le normand, au même titre que le picard, le champenois ou le bourguignon, est reconnu par l’UNESCO comme une langue à part entière et un patrimoine à défendre, malheureusement considéré comme « gravement en péril ». Affaire à suivre.
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