Colette Marin-Catherine. (© Ghislain Quétel)
Jean-Pierre Catherine. (© Coll. Colette Marin-Catherine) |
Arrêté à Caen en 1943, Jean-Pierre Catherine, jeune résistant de 17 ans, est déporté dans un camp de travail allemand. Un film documentaire, primé aux Oscars, relate le pèlerinage mémoriel de sa sœur Colette à Nordhausen, ville où son frère a vécu les derniers jours de sa courte vie.
Né le 12 mars 1926 à Norrey-en-Bessin, Jean-Pierre Catherine est élève sous-officier de la marine marchande à Caen. Il entre en résistance avec quelques amis et intègre le Front national et le Front patriotique de la jeunesse en 1942. Il distribue des tracts et journaux clandestins, cache des armes et aide des réfractaires au STO à se camoufler. Le 11 novembre 1942, en compagnie de Raymond Lecanu, il dépose des gerbes de fleurs sur des monuments aux morts. Huit mois plus tard, avec la complicité de Lucien Brière, la Gestapo arrête Jean-Pierre en pleine classe. Condamné aux travaux forcés, il est détenu à Caen jusqu’au 22 septembre 1943, puis à Fresnes, au fort de Romainville, et à Natzweiler-Struthof, en Alsace. Déporté Nacht und Nebel (Nuit et brouillard), il est transféré pour être jugé à Breslau. À la suite de l’avancée de l’Armée rouge, de Gross Rosen, il est évacué vers Mittelbau-Dora le 8 février 1945, sous le matricule 111210. Son ami Jean-Pierre Couturier et lui sont affectés au Block 7 et ils travaillent comme des forçats dans l’usine souterraine, Kommando 55, pour assembler probablement des V1. Dormant sur le sol, malade, il est conduit à la Boelcke Kaserne de Nordhausen. N’ayant pu résister aux conditions de vie effroyables et aux mauvais traitements, il décède le 22 mars 1945 dans les bras de son camarade. Son frère Gaston, né en 1917, réfractaire au STO, est arrêté à Paris et meurt au retour de déportation.
Un Oscar pour Colette
En mai 2019, de Bretteville-l’Orgueilleuse à Dora, Colette Marin-Catherine et Lucie Fouble, étudiante de Saint-Omer, sont les actrices d’un documentaire émouvant et bouleversant intitulé Colette, gratuit sur le site du Guardian. Colette évoque avec émotion la jeunesse de Jean-Pierre, « intelligent, parlant deux langues, beau garçon qui rêvait d’intégrer la marine marchande. » Confrontée au douloureux passé, elle se rend dans l’usine souterraine où des déportés assemblent jour et nuit les pièces des V1 et des missiles V2, et dans le crématoire où son frère a été incinéré le 25 mars 1945. « Je ne suis pas allée là-bas pour ouvrir des plaies, mais pour un pèlerinage. J’ai pardonné, mais je n’ai rien oublié.» Le jour des 92 ans de Colette, 25 avril 2021, à Los Angeles, le court-métrage documentaire reçoit un Oscar qui sera présenté en septembre 2021 au Mémorial de Caen.
Pour la première fois en Normandie, une Stolperstein a été scellée le 11 novembre 2019 sur le trottoir devant la maison familiale au 41, rue de Bayeux, à Bretteville-l’Orgueilleuse. Les Stolpersteine (littéralement « pierres d’achoppement », « pierres sur lesquelles on peut trébucher ») sont des pavés de 10 x 10 cm, œuvres du sculpteur berlinois Gunter Demning, disposées devant les anciens domiciles de victimes du nazisme. (© Ghislain Quétel)
Colette :
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|