La naissance du monachisme normand

Légende de la refondation de Jumièges par Guillaume Longue-Épée. Le duc repousse dédaigneusement le pain que lui offrent deux moines ; il est ensuite renversé par un sanglier et y voit un châtiment divin, ce qui l’incite à restaurer l’abbaye. Grandes chroniques de France. (Royal Ms 16 G VI, fol. 250 v. – France, Paris, entre 1332 et 1350 – © The British Library - Domaine public - www.bl.uk)

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En 911, après soixante-dix ans de dévastations, le roi des Francs Charles le Simple conclut un accord avec un chef viking nommé Rollon : en échange de sa conversion au christianisme et d’une fermeture de la vallée de la Seine à toute nouvelle incursion scandinave, il lui concède à Saint-Clair-sur-Epte les terres « situées du fleuve Epte jusqu’à la mer. »

Derrière cette formulation sibylline, les historiens s’entendent généralement pour deviner les contours des anciens évêchés de Rouen et d’Évreux, mais on ignore les limites exactes de cette Normandie des origines. En 924, le roi Raoul (923-936), fraîchement couronné, octroie au même Rollon « Bayeux et Le Mans », ce qui correspond sans doute aux diocèses de Bayeux et de Sées, auxquels il faut peut-être ajouter celui de Lisieux. En 933 enfin, Guillaume Longue-Épée, fils et successeurs de Rollon, reçoit, à nouveau de Raoul, « la terre des Bretons sise sur le rivage de la mer », c’est-à-dire les diocèses de Coutances et d’Avranches, effectivement sous dépendance bretonne depuis le traité de Compiègne de 867. À l’exception du Passais (région de Domfront) et d’une partie du Perche, la Normandie est à cette date constituée et atteint quasiment les frontières que nous lui connai...

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