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La maison du docteur Derrien, à Argences, siège de la Gestapo. (Coll. © P. Lesage) |
Pendant la bataille de Normandie, des patriotes subissent des tortures-exécutions sommaires initiées par la Gestapo, notamment à Saint-Pierre-du-Jonquet dans le Calvados. Sur 28 morts découverts en ce lieu, 11 corps ne sont toujours pas identifiés et reposent dans le cimetière autour de l’église.
Dans la nuit du Débarquement, des parachutistes sont largués au-dessus de Dives-sur-Mer et aussi entre Touques et Honfleur, en raison d’une confusion entre l’Orne, le canal de Caen et la Touques. Les Allemands pourchassent alors sans relâche les habitants, torturant, déportant, exécutant tous ceux qui sont soupçonnés d’avoir accueilli, nourri, aidé des Alliés.
Après avoir exécuté, dès le 6 juin 1944, de 70 à 80 détenus de la prison de Caen (voir sur ce sujet Patrimoine Normand n° 81 à 83), la Gestapo s’installe un temps à Falaise, avant de s’établir à Argences, près de Troarn, dans la propriété du docteur Derrien, chef résistant fusillé à Caen. Alors qu’il est question d’évacuer Honfleur, les familles Bodenan-Beaumais-Lefebvre et des amis, tel que le photographe André Mulot, décident de se réfugier au château du Mont-Léger, sur les hauteurs de Pont-l’Évêque. Le petit groupe de Résistants entrepose des documents, fusils, munitions, brassards et installe radio, poste émetteur et imprimerie du journal intitulé Défense de la France.
Le 25 juin 1944, des officiers allemands décident une inspection de routine au château, après avoir remarqué des allées et venues inhabituelles. Des perquisitions en cascade provoquent l’arrestation de quelques membres de la famille Bodenan-Beaumais, et d’André Mulot, qui sont conduits à Pont-L’Évêque, puis à Argences. Après avoir frappé à coups de nerf de bœuf torsadé le bas-ventre et les fesses nues de Christiane Bodenan, et interrogé vivement les autres prisonniers, le chef SS Harald Heyns, dit « Bernard », part compléter les investigations au château de Surville et à Honfleur. Le 30 juin 1944, pendant son absence, il confie les patriotes à sa redoutable maîtresse, Marie-Clotilde de Combiens. Martyrisé depuis deux jours, André Mulot se sacrifie en avouant à M.-C. Combiens être le chef, pour sauver son fils et ses amis honfleurais. Il est emmené en voiture vers un lieu inconnu et disparaît pour toujours. Le 20 juillet 1944, la population ayant évacué Argences, la Gestapo dynamite la maison Derrien. Un square du souvenir rappelle ce lieu de souffrance.
Square du souvenir à l'emplacement de la maison Derrien, à Argences. (© Ghislain Quétel)
André Mulot, dont on n’a pas encore identifié le corps parmi les 11 tombes. (Coll. © Philippe Beaumais) |
Après la Libération du Calvados, en septembre, des cadavres sont retrouvés dans l’eau boueuse d’un trou de bombe à Saint-Pierre-du-Jonquet. Deux ans plus tard, en novembre 1946, des sangliers déterrent quelques ossements au même endroit. Face à l’émotion soulevée par la découverte de ce charnier de 28 cadavres, un comité se crée et érige un monument en mémoire des martyrs.
Exigence de mémoire
En l’état actuel de la législation, il faut une demande écrite des familles, un arrêté communal pour l’exhumation des corps et une intervention auprès du parquet de Caen, basée sur l’article 87 du Code civil, pour le recueil de l’ADN. Une amende de 3 557 € est prévue par la loi envers ceux qui réalisent ou sollicitent un test génétique sans ordonnance médicale, injonction judiciaire ou projet de recherche strictement encadré.
Depuis de nombreuses années, des notoriétés et familles demandent de faciliter la procédure d’analyse ADN pour inhumer dignement les victimes du nazisme mortes pour la France. La loi bioéthique n’a toujours pas évolué ; les élus de la Nation s’honoreraient pourtant en proposant un amendement. En effet, tous les pays de l’Union européenne ont légiféré en ce sens, sauf… la Pologne et la France !
Sépultures des martyrs, dans le cimetière de Saint-Pierre-du-Jonquet. (© Ghislain Quétel)
VIDÉO Conférence : résistance normande Par Ghislain quétel :
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