La motte castrale de Gisors, surmontée de sa chemise et de sa tour maîtresse, est l’élément le plus ancien du château. (© Stéphane William Gondoin)
Entre 911 et 1196, le Vexin normand joue le rôle de glacis entre les terres des rois de France et celles des ducs de Normandie, protégeant notamment la basse vallée de la Seine et la métropole de Rouen. À partir des années 1050, les relations ne cessent de se dégrader entre les deux dynasties : de part et d’autre de la rivière poussent alors des forteresses à foison, depuis lesquelles on se défie, on se raille, on s’épie et on lance volontiers des raids chez le voisin.
La clef de l’Epte est la place de Gisors, de loin la plus importante et la plus convoitée. La conserver signifie pour les ducs maintenir la frontière de leurs domaines sur l’Epte ; la gagner équivaudrait pour les monarques capétiens à repousser les limites de la Normandie loin vers l’ouest, sur l’Andelle, et à affaiblir leurs rivaux en menaçant Rouen. Plusieurs d’entre eux tenteront de se l’accaparer ; un seul réussira…
L’alpha et l’oméga de la frontière
Gisors est un toponyme d’origine gauloise, formé à partir de l’élément celtique ritu désignant un gué. Il existe donc sans doute ici, au moins depuis l’âge du fer, une implantation humaine près d’un passage naturel sur l’Epte, peut-être sur ou à proximité d’un grand axe protohistorique ou antique. Gisortis n’est cependant formellement attesté qu’en 968, dans une charte du duc de Normandie Richard Ier (942-996) en faveur de l’abbaye de Saint-Denis. L’endroit semble déjà considéré comme d’importance, puisque s’y tient un plaid en présence d’Hugues Capet, alors duc des Francs, qui en devien...
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Dossier « Véxin » (16 pages) :
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