Les falaises d’Étretat, monstres marins dressés. (Photo Thierry Georges Leprévost © Patrimoine Normand.)
Vivement poussée par le vent d’ouest, la flotte ducale va bon train. Une félicité de courte durée.
Elle passe devant Honfleur sous le regard ébahi des paysans. Ceux-ci voient glisser les mille voiles carrées qui, brandies comme des étendards entre proue arrogante et poupe élégante, évoquent immanquablement les esnèques de leurs ancêtres vikings. Elles franchissent l’estuaire, large corne d’abondance béante de sa richesse fluviale, avec Harfleur pour havre et Sainte-Honorine pour protectrice. Elles longent la côte calcaire du pays de Caux, les hautes falaises d’Étretat, monstres marins dressés, terrifiantes déesses nordiques. Les coursiers des mers sont tellement nombreux, tellement serrés, que la moindre erreur serait lourde de conséquences. C’est alors que la fortune semble changer de camp.
Tandis qu’on salue Fécamp, son abbatiale et son château, les vents d’océan se font menaçants. Peu après Varengeville, l’embouchure de la Deppa (la rivière de Dieppe) défile sous le nez de marins désormais trop affairés pour s’occuper du paysage. On a réduit la voile. Malgré cela, des bateaux se heurtent. D’autres, lourdement chargés, les moins maniables, les traînards, ne peuvent éviter les blanches murailles cauchoises qui, telles des sirènes, les attirent. Ils s’éventrent sur les récifs, se fracassent contre la craie normande dont les mugissements seront les trompettes du jugement dernier. Pour leurs occupants, l’aventure tourne court dans des hurle...
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