Apprendre le normand en 30 jours, par Hippolyte Gancel, Bayeux, OREP Éditions.
C’est désormais possible, grâce au regretté Hippolyte Gancel. Un événement dans le monde de la publication, qui ouvre de nouveaux horizons, tant aux néophytes qu’aux locuteurs désireux d’approfondir leurs connaissances en not’ loceis.
Les dernières décennies du XXe siècle ont été favorables à la défense et à l’essor des langues régionales. En 1972, Per Denez met au point sa méthode audiovisuelle Brezoneg buan hag aes (Le breton vite et sans peine). Trois ans plus tard, Fañch Morvannou signe à son tour une « Méthode Assimil » Le breton sans peine. D’autres régions leur emboîtent le pas.
La Normandie n’est pas en reste. En 1984, Hippolyte Gancel publie V’n-ous d’aveu mei ? (Venez-vous avec moi ?) destinée à donner les bases de la langue normande, telle qu’on la pratique dans le Cotentin. À l’époque, le livre passe quasi inaperçu : aux yeux de beaucoup, le loceis n’est qu’un patois, et ceux qui le pratiquent des arriérés englués dans le passé.
Aujourd’hui, l’intérêt qu’on lui porte justifie la réédition de l’œuvre sous le titre : Apprendre le normand en 30 jours, publiée sous la direction de Jean-Guillaume Duflot, qui précise qu’elle est la seule méthode de normand en langue française. Oui car, si les bailliages de Jersey et de Guernesey lui consacrent une abondante littérature, elle est rédigée en anglais dans les îles de la Manche.
Docteur ès lettres —il soutient sa thèse d’État en 1980, consacrée au vocabulaire du Saint-Lois—, Hippolyte Gancel est d’abord enseignant, puis résistant sous l’Occupation. Il exerce divers métiers, et achève sa carrière au collège de Torigny. Il signe de nombreux livres en français, ou en normand sous le pseudonyme Aundré Smilly. Son recueil romanesque Flleurs et plleurs dé men villâche (éditions Arnaud-Bellée), prix littéraire du Cotentin en 1984, reflète parfaitement les conseils prodigués dans sa méthode. Il décède en octobre 2013, à 93 ans.
Hippolyte Gancel, alias Aundré Smilly, en séance de dédicace. (© Rémi Pézeril)
Si notre langue connaît de nombreuses variantes locales, la syntaxe demeure la même. Comme le suggère le titre, l’ouvrage comprend trente leçons, une par jour. En bon pédagogue, il pose les bases de la langue par des phrases simples, et nous fait entrer peu à peu dans ses subtilités. Un mois plus tard, on est capable de s’insérer dans une conversation courante en normand. Après, on a tout loisir de se perfectionner grâce aux CD de Magène et aux livres édités, et d’adapter son parler à son terroir. Un volume indispensable.
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