La Seine devant la maison Vacquerie à Villequier et le buste de Léopoldine (Photos Alexandre Vernon © Patrimoine Normand.)
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À Villequier, devant un jardin fleuri d’une grâce romantique, il est une belle maison bourgeoise en briques rouges du XIXe siècle qui se mire avec mélancolie dans les remous langoureux de la Seine.
C’est que cette maison, ayant appartenu à la famille Vacquerie, armateurs au Havre, aujourd’hui propriété du Département de la Seine-Maritime et devenue musée Victor Hugo depuis 1959, est entièrement imprégnée de la pensée du grand poète dont on célèbre cette année le 200e anniversaire de la naissance, en même temps que du souvenir de sa fille adorée : Léopoldine. C’est que surtout elle se souvient toujours du drame affreux un certain jour du mois de septembre 1843 au cours duquel une barque fatale chavira devant elle, entraînant au fond du fleuve la jeune épousée enlacée pour l’éternité à son mari, Charles Vacquerie. Ils reposent tous les deux dans le petit cimetière, là-haut devant l’église, tout à côté d’Adèle, la mère, et d’Adèle, la fille. Et, il est vrai que l’ombre légère de Léopoldine semble toujours virevolter au-dessus de cette maison qui lui fut chère, au-dessus du fleuve et des bois alentour.
Le souvenir d’un naufrage
Entre Villequier et Caudebec, un des plus beaux kilomètres de France, le paysage est idyllique avec les eaux tranquilles du fleuve qui, dans une large courbe, reflètent des ciels pommelés à souhait, typiques des ciels normands, épousant de l’autre côté de la route le rythme des falaises. Et l’on a peine à croire, alors que ce jour-là il n’y avait ni vent, ni mascaret, comment une telle catastrophe a bien pu se produire. Juste à la sortie du village, Victor Hugo, de ses yeux de pierre, fixe désespérément le fleuve sans comprendre, figé dans une éternelle désolation.
Elle a vécu, la jeune Léopoldine… et jamais plus pour le poète, ce ne sera comme avant. Son chagrin incommensurable, il le clamera à tous les échos : « C’était l’enfant de mon aurore, et mon étoile du matin. Toutes ces choses sont passées comme l’ombre et comme le vent ! » Ici, dans cette maison « de briques couverte de pampres verts », comme la décrivait alors Alphonse Karr, grand ami de la famille Vacquerie, rien n’a beaucoup changé depuis le drame, et l’on retrouve aujourd’hui dans chaque pièce, d’une propreté méticuleuse, une intimité chaleu...
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