Petite statuette en bronze du dieu Thor retrouvée en Islande. Il tient son marteau Miœllnir devant sa barbe. (© Musée National de Reykjavik.)
Nous continuerons cette découverte des noms de famille normands d’origine scandinave par ceux qui sont placés sous la protection du dieu Thor.
Les Ases
Le Panthéon des anciens Scandinaves s’articulait selon les « trois fonctions » que Georges Dumézil a bien mises en évidence dans les religions des peuples européens, de l’Irlande aux Indes. Ces trois fonctions se retrouveront même dans la société médiévale, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime : « Ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui produisent ». Le dieu Thor, si populaire à l’époque des Vikings, représente la deuxième fonction, dite « fonction guerrière », liée à la couleur rouge.
Avec sa barbe rouge, Thor brandit le marteau Miœllnir qui écrase les Trolls, les géants, néfastes envers les hommes. Le grondement de son chariot tiré par des boucs n’est pas sans rappeler le grondement du tonnerre et il est effectivement associé à la foudre. « Ainsi, quand fulgure l’éclair, il semble que l’arme du dieu sillonne l’espace en traçant un trait de feu. »1 Jusqu’au siècle dernier, dans les traditions du nord de l’Europe, on pensait que les haches de pierre préhistoriques trouvées dans le sol étaient envoyées par le dieu de la foudre, en suédois on dit d’ailleurs torsvigg. Ce dieu a la barbe rouge, aimant la bonne chère, grand buveur d’hydromel, doté d’une force insurpassable et d’une colère sans limite, est aussi dénué de toute méchanceté. Il accourt pour protéger de tous les dangers mais il est aussi lié à la fécondité. Le marteau frappe, la foudre craque puis la pluie rafraîchit l’air et fait lever les récoltes. On comprend ainsi que cette divinité était très populaire à l’époque des Vikings et qu’il était présent dans bien des noms de personnes.
Les noms de personnes bâtis sur le nom de cette divinité, attestés en Normandie, sont particulièrement nombreux. Jean Adigard des Gautries2 en a relevé dix-sept. Les six premiers sont des contractions d’autres noms :
1. Tófa est le seul nom féminin attesté. On le trouve dans un nom de lieu de la Manche : Le Mesnil-Tôve.
2. Tófi est son équivalent masculin. Comme le précédent, c’est la contraction de la racine Thor- avec un second élément commençant par « f ». Il n’est représenté que par deux personnes citées dans des textes : – Tovi (1er moitié du XIe siècle), père de Raoul. – Thovo, fils de Ro...
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1) Renauld-Krantz, Structures de la mythologie nordique, maisonneuve et Larose, 1972.
2) Les noms de personnes scandinaves attestés en Normandie de 911 à 1066, vol. 11 de Nomina Germanica, Lund, 1954.
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