À gauche : le maître-verrier vient de « cueillir » le verre incandescent ; à droite : le maître-verrier souffle dans sa canne pour modeler le verre en fusion. (Photos Alexandre Vernon © Patrimoine Normand.)
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Dans les eaux de la Bresle, petite rivière limpide comme le cristal qui marque la limite nord de la Normandie en se jetant dans la Manche au Tréport, un paysage agreste et romantique se mire avec extase. Et ses cascatelles tintent en harmonie tout le long de cette vallée bénie des dieux qui a vu fleurir dans ses forêts profondes, et ce depuis l’antiquité, toute une activité prospère autour du verre.
En suivant « la route du verre », d’Aumale au Tréport, on se rend compte combien le verre tient une place importante dans l’économie de la région. Non pas le verre ordinaire, dit verre à plat, transparent, que l’on fabriquait jadis, mais le verre de luxe que de véritables artistes créent, pour la parfumerie en particulier ainsi que pour tout autre objet de décoration : luminaires, vases, etc. Le verre, tout un savoir-faire, toute une technique, et pourtant apparemment quoi de plus simple : du sable pour la silice, de la fougère ou au besoin du varech pour la potasse, et du bois pour chauffer les fours. On avait tout cela, et en abondance dans la forêt d’Eu au Moyen Âge sur la rive gauche de la Bresle. C’est pour cela que le verre s’y est développé avec tant de bonheur, avec ses secrets transmis de génération en génération, dans cet esprit de conquête qui, depuis toujours, pousse l’homme à transformer le vil métal en la matière la plus pure !
Le verre de la Bresle, une réputation mondiale
Dès le XVe siècle, les comtes d’Eu comprirent la nécessité du verre et permirent alors le développement de l’activité verrière. De cette époque lointaine reste aujourd’hui une usine en plein essor : la verrerie du Courval qui fut fondée en 1623 avec la bénédiction de Catherine de Clèves. Les verreries de la Bresle étaient réputées bien au-delà de la Normandie, notamment avec Philippe de Coqueray qui fut le premier gentilhomme autorisé à établir une verrerie dans la forêt d’Eu, et avec des pionniers comme Richard Brossard, Levaillant, de Bongars. Au XVIIe siècle, la Grande Mademoiselle obtient du roi Louis XIV par lettres patentes la confirmation du privilège des Comtes d’Eu d’établir des verreries en forêt au profit de qui ils voulaient. On retrouvait pas moins de dix verreries fonctionnant au début du XIXe siècle dont 4 verreries à plat, une verrerie à bouteilles (celle-là même qui s’exila ensuite au Havre), quatre verreries à cristaux : Le Courval, Saint-Riquier, Val d’Aulnoy et Ro...
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