Le voile de mariée au musée des Beaux-arts et de la Dentelle d'Alençon (© Stéphane William Gondoin).
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L'Atelier conservatoire du Mobilier national et la ville d'Alençon célèbrent les 10 ans de l'inscription du savoir-faire de la dentelle au point d'Alençon au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.
Le 16 novembre 2010, le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon était inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
De fil en aiguille,
le savoir-faire de la dentelle au point d'Alençon
Du fond de leur atelier, elles sont cinq et quatre apprenties à perpétuer un savoir-faire qui produit de grandes choses avec de l'infiniment petit. Armées d'un simple fil de lin ou de coton, d'une aiguille et d'une infinie patience (il faut compter environ sept heures pour réaliser 1 cm2), les dentellières font à juste titre la fierté de la ville d'Alençon. Elles en sont même indissociables depuis cette lointaine année 1665 où Colbert, toujours soucieux du prestige commercial de la France, plaça la cité sous protection royale, afin d'y créer une manufacture imitant le célèbre point de Venise. Des générations de jeunes filles y ont pendant quatre siècles réalisé des pièces de textile ajouré, chefs-d’œuvre de raffinement et de délicatesse.
Dès le début du XXe siècle, des démarches sont entreprises pour assurer la pérennité de ce « savoir-faire multiséculaire et inégalé ». Une école dentellière est ainsi fondée en 1902 par la chambre de commerce d'Alençon, et gérée en particulier par les religieuses de la Providence. La responsabilité de l'école revient à l'Association de l’École dentellière, association aussi appelée « Le Point d'Alençon » à partir de 1965. L’État crée enfin, en 1976, l'Atelier Conservatoire national du Point d'Alençon, placé sous la tutelle du Mobilier national. D'un maillon à l'autre, la chaîne de transmission de cette technique ne s'est ainsi jamais rompue. Au bout de sept à dix ans de formation, exclusivement par la pratique et l'oralité, les apprenties d'aujourd'hui en arrivent à maîtriser la dizaine d'étapes nécessaires à la réalisation, exclusivement à la main, du moindre élément de dentelle. Au-delà de la formation des apprenties, les dentellières contribuent à faire vivre ce patrimoine en reproduisant, dans une démarche de conservation, tout un répertoire de points hérités des XVIIIe et XIXe siècles. Elles proposent des démonstrations toute l’année au musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, font visiter leur atelier lors des Journées Européennes du Patrimoine et vendent des médaillons à la boutique du musée. Enfin, elles participent à des projets de création d'art contemporain. Cette volonté sans cesse affirmée de sauvegarder et de faire vivre la tradition dentellière, la virtuosité et le prestige des œuvres réalisées, et la spécificité de la technique, propre à l'atelier alençonnais, justifient l'inscription du savoir-faire de la dentelle au point d'Alençon sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'Humanité par l'UNESCO. Une inscription réalisée au terme d'une longue procédure, associant le Mobilier national et la ville d'Alençon, et marquée notamment, en 2009, par la cosignature d'une lettre dans laquelle les dentellières elles-mêmes signifiaient leur désir de voir ce patrimoine reconnu.
Les dentellières assemblent de façon presque invisible des éléments de très petite taille (Atelier National au Point d'Alençon © Service communication, ville d'Alençon, Olivier Héron).
Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, Alençon (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand).
Article extrait du dossier « La Normandie et l'UNESCO » publié dans Patrimoine Normand n°105, par Virginie Michelland. Mis à jour le : 01/12/2020.
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