Exposition « Nuits électriques » au MuMA (© Stéphane William Gondoin)
C’est une thématique pour le moins originale qu’a choisie Annette Haudiquet, conservateur en chef du patrimoine, directrice du MuMa et commissaire de l’exposition : « Il ne s’agissait pas ici de traiter le thème de la nuit, mais plutôt l’apparition dans l’espace public d’un éclairage artificiel industriel, remplaçant les anciennes lampes à huile à l’efficacité très relative. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le gaz d’abord, l’électricité ensuite, bouleversent les ambiances et changent la physionomie nocturne des villes. »
Présentation à la presse par Annette Haudiquet, conservateur du musée et commissaire de l’exposition. (© Stéphane William Gondoin).
Une expo… éclairante !
Tout commence par la multiplication sur la voie publique de ces réverbères dispensateurs de halos lumineux. Maints artistes s’empressent d’intégrer dans leurs compositions ces éléments nouveaux du mobilier urbain, y compris de jour, à l’image d’un Gustave Caillebotte qui structure sa célèbre toile Rue de Paris, temps de pluie autour d’un bec de gaz central et de son ombre, dont la verticalité traverse l’œuvre. Une splendide esquisse réalisée lors de la préparation de l’œuvre finale, donnée par Caillebotte en personne à Claude Monet et appartenant aujourd’hui aux collections du musée Marmottan-Monet de Paris, ouvre judicieusement l’exposition. Le visiteur explore ensuite une belle série de clichés signée Charles Marville, photographe attitré de la ville de Paris, qui déambulait dans les artères de la capitale avec son matériel dans les années 1860-1879, immortalisant le patrimoine industriel et artistique avec un sens du cadrage et de la profondeur étonnant.
Gustave Caillebotte, Rue de Paris temps de pluie 1877, huile sur toile, 54 x 65 cm, Paris, musée Marmottan-Monet, legs Michel Monet, 1966. (© Christian Baraja / Bridgeman Images).
Immersions nocturnes
Nous sommes alors entraînés dans le monde d’une nuit désormais ni tout à fait sombre ni tout à fait claire. Peintres, photographes et même cinéastes vont magnifier jeux d’ombres et de lumières, pour créer des œuvres tout en finesse mettant en valeur Paris, « ville lumière », les couleurs de la nuit, les lumières de la vie havraise, les divertissements des noctambules, attendant devant le Moulin Rouge ou dansant lors des bals du 14 juillet… Moins paisibles en revanche, les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, sur fond de mouvements sociaux, comme La charge, signée André Devambez, réalisée vers 1902.
Maxime MAUFRA, Féérie nocturne - Exposition Universelle 1900, 1900, huile sur toile, 65,9 x 80,8 cm, Reims, Musée des Beaux-Arts, legs Henry Vasnier. (© C. Devleeschauwer).
De toiles en films (dont Le royaume des fées et Le raid Paris-Monte-Carlo, du génial Georges Méliès) et de gravures en vue stéréoscopiques (splendides !), on en arrive à la tragique année 1914, quand cette Europe de lumière s’engouffre dans l’obscurité d’un chaos sans fond. L’exposition s’achève symboliquement en visionnant sur écran d’un petit film datant de 1915, L’éclairage de la Première Guerre mondiale. La fin d’une – Belle – Époque…
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