La « belle Ernestine », 1841-1918 (© Guillaume Néel).
Elle était un peu la « mère Poulard » du pays de Caux et tenait au bord des falaises de craie, dans le bourg de Saint-Jouin-Bruneval, une auberge n’ayant rien à envier à l’établissement des sœurs Moisy, non loin d’Alençon. C’est qu’en son temps, comme à l’autre bout de la Normandie, le gotha artistique parisien se précipitait chez elle, fourchette et couteau scintillant dans les yeux. Dès qu’un peintre, un écrivain, un musicien, coulait quelques jours heureux à Étretat, il empruntait un coche histoire d’aller se pourlécher les doigts de sa cuisine de terroir. Et de la matière grise, il en défila autour de ses tables rustiques. Songez plutôt : de Monet aux deux Dumas, en passant par Offenbach, l’ami Corot, ou encore Maupassant, le local de l’étape… Et chaque fois, la Belle Ernestine s’employait à faire signer un autographe, griffonner quelques vers, ou remettre un petit dessin. Ces trophées tapissaient ensuite ses murs. Ah ! les plats d’Ernestine, vantés par Maupassant qui la porta au panthéon littéraire en la consacrant personnage de roman dans Pierre et Jean, sous le nom de « Belle Alphonsine ». À sa porte frappa même une authentique reine, à laquelle elle servit le plat du jour, des tripes. Et la reine en reprit, des tripes. Elle en reprit même trois fois !
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