La stupéfiante cour d'honneur du palais Bénédictine inaugurée en juin 1900 est à coup sûr le chef d'œuvre de Camille Albert. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand).
Ouvrir les yeux, se laisser séduire par une architecture originale, inattendue, il n'en faut pas plus pour retrouver un architecte presque totalement oubliée en moins de 50 ans. Pourtant Camille Albert est arrivé à Fécamp en 1882, à l'âge de 30 ans, et il y est décédé pendant la dernière guerre. Il a donc vécu 60 ans dans cette ville qu'il a su marquer de façon indélébile, l'œuvre de l'artiste est présente au détour des rues de Fécamp et la campagne environnante est jalonnée de somptueux châteaux commandés par de puissants bourgeois. Quelques photos, un rapide aperçu des étapes de sa carrière aideront à comprendre le savoir-faire et l'originalité de cet architecte talentueux.
Lorsque Camille Albert, frais émoulu de son école d'architecture de Genève arrive en 1882, Fécamp est alors en pleine prospérité grâce à son atout majeur : la mer. Il y a plus de 100 embarcations dans ce petit port nouvellement agrandi. Les bateaux à voiles y débarquent les produits de la pêche hauturière en Manche et en Mer du Nord et les morues de la grande pêche de Terre-Neuve et en Islande. Les grands voiliers apportent aussi les denrées propices aux négoces les plus variés, surtout les bois du Nord, le sel, le vin, les alcools de l'Europe Méridionale. Cette activité entraîne une prospérité spectaculaire : la tradition nous enseigne qu'un emploi en mer entraîne trois emplois en terre !
La ville de Fécamp envisage l'important projet de construction de trois groupes scolaires. Les plans de Camille Albert sont unanimement adoptés ; de plus le maire lui offre le poste d' « Architecte de la Ville ».
Camille Albert peint par A. Bertin en 1886 (musée centre des arts Fécamp).
En moins de trois ans, s'élève de majestueux immeubles néo-classiques, pour lesquels sont utilisés les matériaux du pays : briques de différentes couleurs, pierres, silex noirs et blancs, grâce auxquels M. Albert nous permet de redécouvrir la polychromie architecturale tant appréciée depuis la Renaissance. Il sait aussi jouer des volumes, élancer une façade par de puissant pilastres d'ordre colossal. Il approuve les directives de Jules Ferry qui prône l'espace est la lumière à l'intérieur des salles de classe. Les écoles sont si bien réussies que dix ans plus tard, la municipalité décidera de construire deux nouveaux groupe scolaires identiques, doublant l'école de l'Hôtel de Ville et l'école du Port. Mieux encore pour ne pas épuiser les finances locales, Camille Albert propose d'aménager en école un local industriel désaffecté. Il sait restaurer et utiliser de façon pratique une architecture bien équilibrée du début du XIXe siècle. C'est l'école Saint-Ouen (actuelle école Jean-Macé).
Il agrandit l'hôpital en s'inspirant des bâtiments construits quelques dizaines d'années auparavant. La qualité est présente dans cette sobre architecture de silex taillés. Il en profite pour sauver de la ruine une charmante veille chapelle du XIVe siècle, qui le séduit par sa situation au-dessus de la rivière, et la transforme en salle du conseil d'admi...
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