Tête d’homme, marbre. Messine (Sicile). (© Patrimoine Normand)
Dalle figurant saint Georges terrassant le dragon, marbre, trésor de la cathédrale d’Aversa (Italie). (© Patrimoine Normand) |
Au XIe siècle, les Normands ont eu un immense rayonnement en Europe, Angleterre, Italie du sud, Sicile. Du 24 juin au 25 septembre le musée de Normandie à Caen organise une exposition sur ce thème.
À l'approche de l'an mil, un nombre croissant de pèlerins va prendre le chemin de Rome puis de la Terre Sainte. Une voie privilégiée emprunte le sud de l'Italie, où les pèlerins peuvent embarquer de Bari, de Brindisi et d'Otrante.
Ce Mezzogiorno italien1 qui demeure à l'écart de l'Europe depuis la fin de l'antiquité - la Sicile est musulmane depuis deux siècles - excite bien des convoitises. Dès les années 1020, de petits seigneurs venus de Normandie mais aussi de tout l'ouest de la France vont s'engager comme mercenaires auprès de divers princes byzantins et lombards qui se disputent le pouvoir au sud de Rome.
Forts de leur talent militaire, ils ne tarderont pas à s'imposer et à organiser pour leur propre compte. Les normands, entraînés aux combats de cavalerie lourde, scrupuleux et soucieux d'une implantation territoriale, vont, en l'espace de deux générations, édifier ce qu'il convient d'appeler un état.
Après la conquête de la Sicile contre les « Sarrazins », Palerme devient la capitale de ce nouvel empire qui connaîtra son apogée dans le second tiers du XIIe siècle. Le Règne de Roger II (1130-1154), roi normand lisant le grec et l'arabe, sera un moment exceptionnel dans l'histoire artistique et culturelle de l'Europe médiévale.
Autre pôle des « mondes normands » : Henri II Plantagenêt se rend maître en 1150, au terme de douloureuses crises de succession, d'un empire s'étendant de l'Écosse à Bordeaux. Son règne s'emploiera à organiser ce vaste ensemble territorial dans le respect des institutions propres à chacune des entités le composant.
Chasse de l’abbaye de Saint-Evroult, bois et argent, église de Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois (Normandie). (Photo André Morin, Archives de l’Orne).
Chapiteau roman à décor d'animaux fantastiques, marbre, Bari (Italie). (Photo Bernard Delorme, Toulouse).
Reliquaire de Saint Mathieu, argent repoussé et incisé, Basilique Saint-Côme-et-Damien, Rome. (© Patrimoine Normand) | Ampoule-reliquaire provenant de l’Abbaye de Saint-Evroult-en-Ouche, vermeil et cristal de roche, Musée de Normandie (Photo Patrick David, Musée de Normandie, Caen). |
Puis Richard Cœur de Lion, son fils, prendra quarante ans plus tard le chemin de la Terre Sainte, chevauchant au côté de Philippe Auguste. Les deux rois séjourneront longuement auprès de Tancrède de Lecce, dernier roi normand d'Italie méridionale. Mais à cette époque, l'Europe entre à nouveau dans une phase où les valeurs pré humanistes laissent le pas au mépris et l'intolérance : le temps de la liberté des expressions artistiques, ferment ce syncrétisme que transcende la profonde originalité de l'art roman, semble révolu. L'heure est à la grande guerre et aux nationalismes. Seul le système italien des communes fournit encore une alternative semi-démocratique aux citoyens, qui retarde la naissance d'un embryon d'État et sait s'imposer entre le Pape et l'Empereur. Quant aux rois d'Angleterre de France, ils voguent vers Jérusalem, mais les pensées des monarques sont pour Londres et Paris. À Palerme, Tancrède meurt sans laissé d'héritier mâle, en 1194 : c'est là non seulement l'extinction de la lignée de Hauteville, mais aussi le terme de cet « État œuvre d'art » vanté par Benedetto Croce. Enfin le dernier rameau italien de la généalogie des normands va embrasser le sang prestigieux des Hohenstaufen : c'est en 1194 que naquit Frédéric II, Normand par sa mère, Constance et Hauteville.
Après l’exposition « Les Normands, peuple d’Europe » qui à Rome puis à Venise en 1994 a permis la reconquête du public italien de cet épisode de son histoire, le Musée de Normandie a choisi d’offrir un regard nouveau sur ces décennies déterminantes qui marquent le sommet de l’histoire normande.
Le public qui n’a pu se rendre en Italie pour cet événement, pourra ici se plonger aux origines de ces empires normands qui constituent pour le monde d’aujourd’hui une de ses composantes fortes, nécessaire à l’identité culturelle de l’Europe de demain.
|
Les possessions normandes vers 1130
1) Le Mezzogiorno désigne l'ensemble des régions péninsulaire et insulaire qui correspondent au sud de l'Italie.
PRATIQUE
|
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER :NOUS SUIVREPRATIQUE
|