Exposition « Henri (1878-1949) et René (1876-1958) de Saint-Delis » au musée Eugène-Boudin (DR).
Originaires du Pas-de-Calais, arrivés dans la ville du Havre en 1882, Henri et René de Saint-Delis furent notamment formés dans l’atelier de Charles Lhullier (exact contemporain d’Eugène Boudin, dont il fut autrefois rival pour l’attribution d’une bourse d’étude par la Ville) en compagnie d’Emile Othon Friesz et de Raoul Dufy, ces peintres que l’on qualifiera bientôt de « fauves » à la suite du Salon d’automne de 1905.
On a, dès lors, souvent comparé la carrière et la postérité de ces amis célèbres montés à Paris avec celle de ces deux frères qui firent de la Normandie le lieu naturel de leur exercice pictural : s’écartant de toute avant-garde, ils développèrent une œuvre originale et solide où la couleur, sans atteindre les sommets du fauvisme, n’en fut pas moins l’outil essentiel d’une expression singulière. Après avoir participé à la brève aventure du Cercle de l’art moderne, au Havre, seul un long séjour médical en Suisse (1908-1920) éloigna en effet vraiment Henri de sa terre d’adoption quand René, lui, ne quitta le rivage de la Côte d’Albâtre et la campagne cauchoise que pour quelques échappées bretonnes ou boulonnaises. Au lendemain de la Grande Guerre, Henri s’installa définitivement à Honfleur et René, lui, se fixa à Étretat : portraits, natures mortes, marines, scènes de la vie portuaire et rurale constituèrent dès lors l’essentiel de leurs motifs d’inspiration.
Cet ancrage normand a par conséquent largement irrigué, au-delà des collections publiques, les collections particulières locales : plus de 120 pièces, parmi lesquelles des peintures (sur toile, sur bois, sur métal), des dessins, des gravures et des livres illustrés seront ainsi présentés, permettant de proposer une idée représentative de leur production. Un grand nombre d’entre elles demeurent à ce jour inédites.
De gauche à droite : Henri de Saint-Delis, La plage et le vieux phare de Honfleur, musée Eugène-Boudin, inv. 954.5.1 ; René de Saint-Delis, Étretat, la falaise d’aval, coll. part (D.R).
Quoique la datation précise des œuvres soit un problème majeur chez les Saint-Delis, de grandes périodes sont distinguables, tant par la facture que par le choix des motifs représentés, qui autorisent donc des estimations et une présentation chronologiques. Plutôt qu’une approche monographique, le parti pris de cette manifestation a été en outre de considérer l’œuvre de ces deux artistes conjointement, de façon à cerner les relations pouvant exister entre l’une et l’autre - tant stylistiques qu’iconographiques. Si ce n’est pas la première fois que la ville de Honfleur honore Henri de Saint-Delis (la galerie Braquehaye l’a notamment exposé en 1956, et la Société des Artistes Honfleurais en 1953, en 1965 puis en 1991), c’est bien la première fois qu’elle consacre, en revanche, une exposition commune aux deux frères.
La première ambition de cet événement est naturellement de faire connaître leur œuvre au-delà des frontières de la Normandie mais elle souhaite également, au cœur même de l’ancien territoire basnormand, terre historique de la peinture de paysage, amener le public à découvrir l’œuvre de René de Saint-Delis, peu connue à vrai dire de ce côté-ci de l’Estuaire de la Seine. De façon symptomatique, les collections du musée Eugène Boudin, largement sollicitées elles-mêmes pour cette exposition, ne conservent aucune œuvre de René, quand on en compte près de 70 de la main de son frère Henri de Saint-Delis.
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