La Normandie et les Normands
D’Eu à Pontorson, la Normandie présente un très vaste front de mer et rares sont les Normands qui connaissent tous les pays constituant la grande région et encore moins leurs habitants. Et pourtant tous sont Normands… sans se connaître. Les solidarités sont avant tout locales. Elle sont très fortes dans le Nord Cotentin bordé par la mer sur trois côtés. Le pays d’Auge constitue une entité très forte, comme le pays de Caux. Mais on est aussi du Bessin, du Houlme, de l’Avranchin ou du Roumois. Et pourtant, il y a aussi une conscience et une unité normande réelle. Elle s’établit sur un même espace tourné vers la mer, mais aussi sur une mentalité commune. Le « tempérament » normand, fait de réserve et de modération se distingue de celui de nos voisins bretons alors que les paysages de bocages ne sont pas si différents. Mais c’est surtout l’histoire qui rapproche les Normands. L’implantation scandinave a été le premier choc fédérateur, de Dieppe à Granville. Il est à l’origine de ce tempérament bien marqué ; de ce goût pour le droit individuel. Et il y a eu la Normandie ducale, Guillaume le Conquérant, la conquête de l’Angleterre et ses suites, une grande architecture qui a marqué le paysage, du Mont Saint-Michel au château d’Arques. Cette grande histoire est commune à tous, d’Avranches à Eu, chacun s’y retrouve et en est, plus ou moins, fier. Alors que la Normandie présente un visage à nombreuses facettes mais homogène, la France est multiple et, pourtant les Français, de Dunkerque à Marseille, se sentent unis. Il y a donc encore plus de légitimité à se revendiquer « Normand ». Mais, là-dessus vous n’avez aucun doute, car vous êtes des milliers à être fidèles à ce magazine, et vous êtes 1 % de la population de cette grande région à cinq départements, ce qui est beaucoup car on lit peu sous nos cieux.
Georges Bernage.