Avec ce numéro, nous continuons notre bilan estival de la côte normande, ou plutôt de ses atouts car l’été n’a pas été favorisé par les éléments. Toute la façade ouest de notre grande région est exceptionnelle. Nous ne reviendrons pas sur la baie du Mont Saint-Michel, un haut lieu de dimension internationale. Mais de Granville à Carteret, notre côte dispose de formidables atouts. Tout d’abord, baignée par le Gulf Stream, elle est remarquablement douce. Les autorités touristiques des îles anglo-normandes l’ont parfaitement compris, présentant cet archipel normand rattaché à la couronne comme une sorte de riviera devenue une immense usine à touristes. Ils l’ont parfaitement compris et les Normands du continent n’en ont pas tout à fait réalisé l’enjeu. Le premier atout est donc une mer plus chaude et une température généralement plus clémente. Le second atout réside dans la qualité de ses paysages naturels préservés. La côte n’a pas été bétonnée, mielles (dunes de sable), petits havres paisibles. Les stations côtières sont discrètes et insérées dans le paysage de manière traditionnelle, généralement des villages qui se sont étendus, comme Barneville, Coutainville ou même Portbail. Au sud, Granville se dresse face à l’océan et à l’archipel de Chausey, étape incontournable dans une cité de grande qualité, point de départ aussi vers les îles, archipel de Chausey et Iles anglo-normandes. Portbail nous fixe dans un temps qui semble immuable, de l’antiquité au Moyen Âge, le paysage transquille de son havre nous incline à un repos sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise. Au nord, Carteret se bonifie mais reste intacte, station de qualité où se retrouvaient beaucoup de Cotentinais il y a déjà un siècle. Et que la mer est belle en fin de journée quand le soleil se couche sur l’élément liquide en le faisant briller comme de l’or. Les îles que nous distinguons à l’horizon semblent alors des lieux magiques. La côte, préservée, n’est occupée que ponctuellement et discrètement. Elle dispense de larges plages sauvages, belles étendues de sable doré dominées par les mielles tapissées de melgreux. Et ce paysage s’appuie sur un patrimoine dense : châteaux et manoirs, églises médiévales, villes et bourgardes, et le parc naturel du Cotentin et du Bessin qui mord jusqu’à la côte. Normands, vous avez à votre porte de remarquables lieux de villégiature.
Mais ce patrimoine rural que nous traversons sur la côte occidentale du Cotentin est fragile, souvent menacé. Le G8 du Patrimoine qui s’est tenu à Falaise doit permettre de sensibilier aux menaces pesant sur lui, les huisseries, portes et fenêtres, disparaissent entre autres de manière insidieuse, alors qu’ils constituent un élément essentiel de l’habitat, comme la couverture.
Enfin, avec Saint-Vigor, nous entrons dans le merveilleux qui a présidé aux débuts de la Normandie qui n’était encore que la Neustrie. De sa « légende dorée », nous partons sur ces traces, de Saint-Vigor, haut lieu méconnu dominant la cité de Bayeux à la magnifique abbaye de Cerisy. Un autre saint nous retiendra aussi dans un lieu magique : Saint Céneri.
Georges Bernage.