Eté 1944, Lisieux brûle ; c’est une perte terrible pour la Normandie. Lisieux était la plus belle ville de France pour les constructions en pans de bois. Elle était le fleuron de la Normandie, elle deviendra, avec la reconstruction, une ville très laide et sans âme. Comment des architectes et des édiles ont pu accepter ainsi d’oser produire une telle médiocrité ? Claudius Petit, alors ministre, ne voulait pas d’une architecture en pans de bois qu’il qualifiait « d’architecture de bourgeois » (il devait songer à Deauville). Son inculture ne lui permettait pas de savoir qu’au Moyen Âge pauvres et bourgeois utilisaient le pan de bois, un matériau pratique, peu onéreux et rapide à mettre en œuvre.
Si nous avons perdu Lisieux – il faudra bien un jour la reconstruire (autour des très beaux monuments qui ont été conservés, dont la cathédrale et l’église Saint-Jacques) – il nous reste la moitié de Pont-l'Évêque et la totalité de Pont-Audemer. Perchées sur deux rivières parallèles, la Touques et la Risle, ces deux villes proches nous montrent encore cette belle architecture de maisons en pans de bois. Leurs noms se font écho, leurs maisons tout autant et les deux municipalités sont en train de remettre ce patrimoine en valeur. Ces deux villes sœurs nous permettent d’espérer en une Normandie plus belle.
Georges Bernage
Photo : Georges Bernage (© Eric Bruneval - Patrimoine Normand).