Le Goubelin normand. (© Guillaume Néel)
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Le Goubelin est-il haut ou bas-normand ?
Cela faisait bien longtemps que l'on n'avait pas ressorti le vieux serpent de mer de la réunification des « deux » Normandie. Mais cette fois, l'affaire semble un peu plus sérieuse que de coutume et dépasser le stade du simple vœu pieux. Gardons-nous cependant de nous enflammer et bien malin qui pourrait prédire l'avenir, après tant de fausses illusions. Comme le disait Henri Queuille, un homme politique du XXe siècle, « les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. »
Notre magazine, lui, ne fait pas de politique, se défie des promesses et se moque des frontières tracées sur les cartes. Vent debout, il continue d'avancer sur la voie qu'il s'est tracée depuis près de vingt ans : promouvoir la culture, l'histoire, le patrimoine de notre province, de toute notre province, riche de sa diversité, de ses paysages, de ses traditions, de son passé commun. Comme le goubelin, ce lutin malicieux des légendes normandes, il file d'Avranches aux falaises du pays de Caux, de Rouen à Caen, et de Cherbourg à Évreux. Il entraîne qui veut le suivre le long des berges de l'Iton, avant de sauter vers Lisieux et le pays d'Auge. Il vogue sur le pont de l'Alabama, ce navire sudiste coulé au large du Cotentin, s'invite dans les bobines de la Cinémathèque normande et grimpe sur l'éperon de La Perrière, dominant la forêt de Bellême.
Mais surtout, notre goubelin braque avec nous ses yeux espiègles vers Sainte-Adresse, cette paisible petite cité balnéaire plantée depuis des siècles à la pointe de Caux. Le gouvernement du royaume de Belgique s'installa là à partir d'octobre 1914, sous les lumières changeantes de la baie de Seine, contraint par la fureur des temps à quitter son pays pour des cieux plus cléments. Cette histoire-là appartient à tous les Belges, Wallons ou Flamands, à tous les Normands, « Hauts » ou « Bas », à tous les Français. Par delà même, désormais, à tous les Européens, comme le symbole d'une paix si chèrement acquise.
Puissions-nous, en cette année de grandes commémorations, nous souvenir que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise, et inscrire en lettres d'or dans nos consciences que l'union fait la force. Chut ! Faites silence. Le goubelin est là. Il a quelque chose à nous dire. Comment ? Ah ! oui : « N'oubliez pas que le dépaysement est au coin de votre rue ».
Bonne lecture
La rédaction.