Secteur économique de premier plan, le tourisme rapporte chaque année, à la France, 15 milliards d’euros. La richesse patrimoniale de la Normandie en fait une des premières destinations de l’hexagone, la promouvoir, c’est aussi favoriser l’émergence des identités régionales, « cette quête identitaire » ne saurait d’ailleurs souffrir le moindre procès en illégitimité, bien au contraire ; l’appartenance à un même territoire, comme un centre de gravité, unit nos forces et engendre la dynamique indispensable à son développement. Les outils de sa valorisation sont multiples, de grands thèmes fédérateurs impliquant l’ensemble des pays ; l’année des impressionnistes en 2010, le 1100e anniversaire de la Normandie qui a ponctué 2011 de plus de 200 manifestations. Mais aussi de nombreux rendez-vous annuels comme les Musilumières de Sées, le carnaval de Granville, la foire de Sainte-Croix de Lessay ou les fêtes médiévales de Bayeux, pour ne citer qu’eux. Rendons hommage à ces initiatives et à tous ceux, partenaires publics et privés, qui mettent leurs convictions et leurs talents au service de ces journées exceptionnelles et diversifiées.
Patrick Gomont, maire de Bayeux et sa municipalité en font partie. Dépositaire responsable envers les générations futures d’un bien précieux, hérité de notre histoire commune, iI incarne, par sa volonté et son implication au delà de sa fonction, l’élu pleinement conscient des devoirs qu’impliquent une telle charge. Le patrimoine se préserve, se vit au présent, s’enrichit et se transmet au futur. Il nous expose sa vision et nous fait l’honneur de partager cet éditorial.
Laurent Corbin, rédacteur en chef de Patrimoine Normand.
Parler de patrimoine à Bayeux est chose naturelle
Autour de sa Tapisserie, inscrite au registre Mémoire du Monde de l'UNESCO, la ville concentre une densité historique hors normes au sein de ses 80 hectares de secteur sauvegardé, l'un des deux seuls du Calvados. Bayeux, miraculée des affrontements de 1944, continue à porter le témoignage de l'histoire du Bessin, du Calvados et de la Normandie. Des vestiges gallo-romains à l'empreinte omniprésente de la ville médiévale, à laquelle répond l'architecture du XVIIIe siècle, la mémoire de tout notre territoire se lit à travers ses rues.
Cette histoire inscrite dans la pierre a marqué nos choix pour le futur musée en cours de restructuration. Ce projet a constitué l'un de nos grands challenges. Il s'agissait avant tout de permettre la réouverture d'un musée dont l'accès au public était rendu impossible depuis 2001 pour des raison de sécurité inhérentes au bâtiment. En 10 ans, il aura donc fallu continuer à faire vivre des collections mais, surtout, bâtir un nouveau projet scientifique et architectural, convaincre l'ensemble des institutions, trouver enfin les financements pour cette réalisation d'exception.
D'ici un an, plus de 1 300 m2 d'exposition attesteront de l'histoire locale au sein d'un palais épiscopal entièrement rénové, protégé au titre des Monument Historique. Le bâtiment lui-même, par sa structure, ses évolutions, ses fonctions successives, participera au propos du musée. Le parcours permettra notamment de découvrir la chapelle épiscopale, véritable chef d’œuvre de la Renaissance, restaurée et pour la première fois accessible aux visiteurs.
La préservation du patrimoine est chose essentielle, passionnante et coûteuse. Je reste persuadé que redonner un usage adapté aux bâtiments est la meilleure façon d'en assurer la pérennité et l'entretien dans le respect de leur histoire.
de la Renaissance, restaurée et pour la première fois accessible aux visiteurs. La préservation du patrimoine est chose essentielle, passionnante et coûteuse. Je reste persuadé que redonner un usage adapté aux bâtiments est la meilleure façon d'en assurer la pérennité et l'entretien dans le respect de leur histoire.
C'est tout l'esprit de la notion de patrimoine vivant que nous nous sommes attachés à développer à Bayeux. Elle se manifeste à travers plusieurs événements que nous organisons. Les fêtes médiévales, en alliant manifestation populaire et exigence qualitative, en sont la parfaite illustration. Elles ont été cette année l'un des rendez-vous les plus fréquentés du 1100e anniversaire du Duché de Normandie, rassemblant l'espace de deux jours 50 000 spectateurs, des troupes de reconstituteurs professionnels venus de toute l'Europe, des artistes de rue, mais aussi des artisans d'art tels que ceux qui interviennent sur la cathédrale et qui, chaque année, font démonstration de leur grand talent.
Depuis des années, les efforts de valorisation de notre cœur de ville s'inscrivent aussi dans cette perspective. Les abords de la Cathédrale réalisés il y a 10 ans, ont véritablement transformé l'espace. Avec aujourd'hui la promenade des bords de l'Aure qui offre des perspectives incomparables sur notre patrimoine, ou encore les rues et les places qui, année après année retrouvent une nouvelle jeunesse dans un esprit propice à la déambulation, la préoccupation du patrimoine s'intègre dans l'ensemble de nos projets, sans s'opposer à la fonctionnalité nécessaire aux espaces urbains. Le projet de réaménagement du parvis de la gare, dont les travaux s'achèveront l'été prochain, va ainsi permettre de dégager des vues jusqu'alors inexistantes sur la cathédrale. La préservation active d'éléments de notre passé est en fait un pari d'avenir. Elle offre aux habitants comme aux visiteurs des espaces où le sens se combine à la qualité de vie. Au service de la population, le patrimoine devient alors aussi, un véritable instrument d'une politique de développement.
Patrick Gomont, Maire de Bayeux.
Laurent Corbin, rédacteur en chef de Patrimoine Normand et Patrick Gaumont, Maire de Bayeux. (© Patrimoine Normand)