6 juin 2024 : le prix de la liberté
Dans les années 1930, un dictateur à l’esprit dérangé hystérisa son peuple pour le préparer à une guerre devant lui tailler en Europe un Lebensraum, un « espace vital », au nom d’une hypothétique supériorité de sa race. Après avoir dévoyé la philosophie de Nietzsche et réécrit l’Histoire à sa façon, il lança une course effrénée à l’armement. Sa puissance militaire augmentant, il phagocyta l’Autriche, dont la population lui était d’ailleurs largement acquise. Il s’attaqua ensuite à la Tchécoslovaquie, y agitant les minorités germanophones en accusant le gouvernement de cet État démocratique de les opprimer. Malgré la parole donnée à Prague, la France et le Royaume-Uni lui laissèrent les mains libres pour dépecer sa proie. Encouragé par ce succès facile, il récidiva en employant la même méthode sur une nouvelle cible, la Pologne. Cette fois, les armes parlèrent et un continent sombra dans un conflit appelé à devenir mondial.
Plusieurs leçons sont à tirer de l’enchaînement tragique d’événements des années 1933-1939. Un tyran, d’abord, ne réarme jamais par hasard. L’Histoire, ensuite, a tendance à bégayer quand les mêmes arguments produisent les mêmes effets. Les minorités agitées et présentées comme oppressées ne parlent plus allemand, mais russe. La Tchécoslovaquie d’autrefois se nomme aujourd’hui Estonie, Lituanie, Lettonie, Géorgie, Moldavie… et bien sûr Ukraine. En termes pratiquement identiques, usant des mêmes ressorts, une dictature menace ses voisins, démocraties certes imparfaites, mais démocraties tout de même. Et, à l’autre bout de la planète, on tremble sur l’île de Taïwan, en Corée du Sud, au Japon, aux Philippines… Non, décidément, les tyrans ne réarment jamais par hasard.
Aux petits gars de l’Illinois, du Saskatchewan, du Kent, de Mazovie, de Bretagne, morts – pour nos valeurs – sur nos plages, dans les rues de nos villes ou les haies de notre bocage, aux civils du Bessin ou du pays d’Auge engloutis par la tourmente, à Leclerc, Lord Lovat et Bill Millin, Ike, et autres Patton, à Colbert Marie et à tous les résistants fusillés, nous dédions ce numéro. Et, plus personnellement, à mon grand-père, Robert, revenu d’Allemagne malade et pesant 50 kg…
Stéphane William Gondoin et la rédaction