Un été est passé…
Pour l’équipe de notre magazine, saison estivale rime avec occasion de partir explorer notre belle région dans les meilleures conditions de lumière, photo oblige. Routes et chemins nous mènent vers des lieux que nous ne connaissions pas nécessairement, à la rencontre de personnes que nous n’avions parfois jamais croisées auparavant. Avec ces voyages aux airs d’odyssées au « bout du monde » – nous sommes toujours au « bout du monde » pour quelqu’un –, pourtant effectués à deux pas de chez nous, nous renforçons notre conviction sans cesse plus profonde que le dépaysement se trouve au coin de notre rue.
Et une fois de plus, cet été a filé comme le songe d’une nuit. En cette année de célébration du centenaire de la disparition de Marcel Proust, ce constat a pris un relief particulier et nous avons compris qu’au fond, chacun d’entre nous errait à la recherche de son propre temps perdu. Faute de pouvoir réaliser le vieux rêve lamartinien de suspendre le cours des heures propices, nous n’avons que la maîtrise de notre temps futur, l’instant présent appartenant déjà au passé. À bien y réfléchir, c’est à Apollinaire que revient le dernier mot : « Passent les jours et passent les semaines / Ni temps passé / Ni les amours reviennent. » Et, sous le pont Mirabeau, continue à couler la Seine…
Parmi les portes que nous avons poussées cet été, il y a celles du château de Bois-Guilbert, en lisière du pays de Bray, avec son jardin des Sculptures formant un vaste musée en plein air. Là sont présentées les créations de l’artiste normand Jean-Marc de Pas, dont plusieurs telles L’aurore et le crépuscule, L’escalier du temps ou Le cloître des quatre saisons ont alimenté notre réflexion. Une double conclusion s’est imposée à nous, sans appel : carpe diem, et n’arrêtons jamais de cultiver notre jardin.
Dans ses commentaires de la Bhagavad-Gîtâ ou « Chant du Bienheureux », l’un des textes fondamentaux de la pensée hindoue, Gandhi préconisait de vivre comme si nous allions mourir demain et d’apprendre comme si nous devions exister pour l’éternité. Cela nous a paru sage et bon : cette Normandie, nous n’arrêterons donc jamais de la parcourir pour en apprendre tout ce que nous pourrons et partager ainsi avec vous ces connaissances.
Un été est passé, un automne arrive.
Stéphane William Gondoin et la rédaction