De « Normandie-Niémen » au « format Normandie »
Nous l’avons maintes fois répété : il n’entre pas dans notre ligne éditoriale de nous mêler de politique et il en va de même pour la géopolitique contemporaine. Nous ne vivons cependant pas en dehors de notre temps, dans une oasis à l’abri des ouragans parcourant le monde. Difficile donc d’échapper à l’inquiétante situation internationale. À l’heure où nous écrivons ces lignes, l’Ukraine se trouve sous les bombes russes, Kharkiv, Marioupol, Dnipro et bien d’autres villes sont dévastées, des colonnes de blindés russes tentent d’encercler Kyïv. Quelle sera la situation au moment où vous tiendrez ce magazine entre vos mains ? Nous n’en savons rien.
Parmi les arguments avancés par le Kremlin pour justifier l’invasion, certains ne manquent pas de rappeler de douloureux précédents, quand le régime nazi de Berlin évoquait l’oppression des minorités germanophones dans les Sudètes ou à l’ouest de la Pologne. On connaît les conséquences pour le monde en général, la Normandie en particulier, que l’historien britannique Antony Beevor qualifiait, dans son ouvrage de référence D-Day et la bataille de Normandie, « d’agneau sacrificiel offert pour la libération de la France. »
Ne manquent pas de revenir en mémoire d’autres aspects du passé auxquels est mêlé le nom de notre région. On pense d’abord au régiment Normandie-Niémen, avec ses escadrilles baptisées « Rouen », « Le Havre », « Cherbourg » et « Caen », engagé par la volonté du général de Gaulle aux côtés des Soviétiques sur le front de l’Est. On songe aussi, pour en revenir à la situation actuelle, aux premières réunions au « format Normandie », dans le château de Bénouville, en marge des célébrations du 70e anniversaire du Débarquement. Mises en place à l’initiative du président François Hollande, ces rencontres consistaient à réunir autour de la table dirigeant(e)s russe, ukrainien, français et allemande, pour tenter de trouver une issue pacifique à la guerre du Donbass, juste après l’annexion de la Crimée. Étrange monde que celui qui se condamne à voir son Histoire balbutier en permanence. Et puisse la colère d’Arès, de Taranis, de þórr ou de qui vous voulez, s’apaiser enfin…
En attendant, nous vous emmenons prendre l’air du côté de la péninsule de la Hague, voir le chantier de restauration de la jolie église de Pierre-Ronde, explorer l’univers mystérieux des feux festifs en Normandie, découvrir des exploitations minières du Néolithique dans l’Orne… Et parce que l’Histoire n’est jamais bien loin de nos esprits, à l’occasion du 78e anniversaire du Débarquement, nous ressuscitons l’exploit des Rangers de la pointe du Hoc.
Bonne lecture
Stéphane William Gondoin et la rédaction